Usine à gaz (ancienne), aujourd'hui entreprise de menuiserie et transformateur

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Montmorillon

La commune de Montmorillon délibère le 6 août 1872 pour créer une installation d'eau et de gaz et passe le 1er novembre 1873 un traité avec MM. Dalifol et Huet pour l'exclusivité de la distribution de gaz et d'eau pendant cinquante ans. Les plans et devis sont acceptés par la ville par délibération municipale datée du 17 mai 1873 et la construction est autorisée par arrêté du sous-préfet le 25 août 1873. Le traité fixe les conditions de distribution d'eau et de gaz, les tarifs de l'eau et réglemente ceux du gaz, indexés sur le prix de la houille qui sert à la production du gaz (voir cahier des charges en annexe). Ce traité prévoit une concession de 50 ans avec un versement par la ville de 230.000 francs à la société puis le versement par la société à la ville de 50 annuités. Cette convention fixe également les tarifs du gaz et de l'eau. L'éclairage public au gaz est effectif à partir du 1er octobre 1874, mais un mois plus tard, les travaux de la partie destinée à la production d'eau ne sont pas réceptionnés, des difficultés ayant retardé le forage du puits.

Au cours de l'hiver 1879-1880, les canalisations sont endommagées par le gel.

Les plans de l'usine n'ont pas été retrouvés aux archives départementales mais ont été publiés dans les Annales industrielles en 1880 (voir illustrations et annexe).

De juillet 1877 à juillet 1882, la gestion de l'usine revient à la seule société Dalifol, Huet et Cie, puis retourne en co-gestion avec la ville. Celle-ci constate que les comptes ne lui sont pas fournis avec sincérité et saisit en 1885 le conseil de préfecture. De son côté, la société (représentée par M. Dalifol fils, liquidateur de Dalifol Huet et Cie) reproche à la ville un retard de paiement de ses abonnements et consommations d'eau et de gaz, et la commande en direct de 36 wagons de charbon aux houillères de Commentry (Allier). Le conflit porte sur l'interprétation de la convention de 1873 et des charges à faire porter sur la ville ou sur le concessionnaire. De même, la cause de la mauvaise qualité de l'eau fournie aux usagers peut provenir soit des machines (responsabilité du concessionnaire), soit de la prise d'eau (responsabilité de la ville). Des experts sont nommés par le conseil de préfecture afin d'arbitrer ce conflit (voir annexe).

Un nouveau traité a été signé en 1894 pour 50 ans.

Le 1er avril 1899, la concession de l'usine est transférée à la Cie d'éclairage des villes et la fabrication des compteurs et appareils divers, société anonyme au capital de quatre millions de francs dont le siège social est à Paris, 174 rue Lafayette, qui l'afferme à M. Signoret.

En novembre 1899, la ville signe un nouveau traité pour l'amélioration du réseau d'éclairage public avec M. Thiercelin, administrateur général de la Compagnie d'éclairage des villes et la fabrication des compteurs et appareils divers. La ville s'engage à renforcer à ses frais la canalisation d'eau allant de l'usine au Pont-Neuf sur la route de Limoges (sur environ 300 m). Le nouveau concessionnaire prendra à sa charge le nouveau réservoir construit par la Société pour la construction des ciments armés et payé par la ville au lieu-dit Chemin de la Gabillière et prendra à sa charge la canalisation reliant le nouveau château d'eau à la canalisation principale au Pont-Neuf. La ville fera installer à ses frais de nouvelles bornes-fontaines, dont le nombre est porté à 20 et ne pourra dépasser 22 à l'avenir et paiera une redevance supplémentaire à la société. Il est prévu l'installation d'une nouvelle borne-fontaine pour tout accroissement de plus de 200 habitants. Une nouvelle convention est signée le 17 janvier 1900 entre la ville et la Compagnie d'éclairage des villes et la fabrication des compteurs et appareils divers, portant le nombre de bornes-fontaines à 22.

En mars 1901, la convention est reprécisée au sujet des bornes-fontaines (dont le nombre devient illimité en fonction de la population de la ville), des bouches à incendies (portées de 10 à 15) de la fourniture du gaz pour l'éclairage public et de la redevance à verser pour l'arrosage permanent des urinoirs publics. Les débats portent sur la possibilité d'amener l'eau aux cimetières (Saint-Martial et Notre-Dame), et le gaz au nouvel abattoir, aux frais des bouchers.

En 1905, les riverains se plaignent de dépôts de mâchefers et de scories de l'usine dans la Gartempe [voir annexe] et de la formation d'un îlot de 20m de large sur 30 m de long en amont du Pont-Neuf. L'ingénieur des Ponts-et-Chaussées exige, via un arrêté préfectoral, la remise en état des lieux. Elle ne semble pas avoir été suivie des faits, ou ils se sont reproduits très vite puisqu'en 1913, un autre riverain, M. Bertrand, qui a acheté le terrain mitoyen à l'usine en 1909 et modifié le mur de clôture en 1912, se plaint d'évacuations d'eau résiduelles venant du traitement du charbon et à nouveau de mâchefers dans la Gartempe, même si les rejets de résidus solides n'ont pas pu être constatés par le sous-ingénieur [voir annexe].

En 1914, le rapport d'hygiène présentée au conseil général de la Vienne signale que l'eau produite est de mauvaise qualité [voir annexe].

Le traité qui lie la ville à la Société d'éclairage des villes, représentée par M. de Montcarville, est résilié à partir du 29 février 1920.

En juillet 1933, le conseil départemental des bâtiments civils juge que le projet de reconstruction de l'usine à gaz présenté par la ville pour un montant de 2 750 000 francs est incomplet.

D'importants travaux sont menés dans les années 1936-1937 : changement du gazomètre, révision des canalisations : les plans du réseau et le cahier des charges et les devis estimatifs sont rédigés par l'architecte municipal M. Gombert ; le four du nouveau gazomètre est fourni par la société Fours métallurgie, 60 rue Saint-Lazare à Paris ; les tuyaux de fonte pour la jonction du nouveau gazomètre avec le gazomètre existant sont commandés à la Société des établissements métallurgiques A. Durenne. Le transformateur toujours visible sur place pourrait dater de cette campagne de travaux.

À la libération en 1944, l'usine passe sous régie municipale. L'exploitation de est abandonnée en 1947-1948.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Dates

1873, daté par source

1936, daté par source

Auteurs Auteur : Gombert M.

Architecte, demeurant rue Saint-Savin à Montmorillon dans les années 1930 (Annuaire Vienne 1938, 875) ; est intervenu notamment sur l'usine à gaz de Montmorillon en 1936-1937, l'école de la Celle à Lathus-Saint-Rémy.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Dalifol A.

Constructeur mécanicien, fonde avec L. Huet la première société domiciliée 172 avenue de Choisy à Paris pour la construction de l'usine à gaz de Montmorillon et de celle de Rochefort.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Huet L.

Constructeur mécanicien, fonde avec A. Dalifol la première société domiciliée 172 avenue de Choisy à Paris pour la construction de l'usine à gaz de Montmorillon et de celle de Rochefort.

, entrepreneur (attribution par source)

Le cahier des charges signé entre la ville et la société Dafilol et Huet fixe les conditions d'exploitations de l'usine à gaz et d'alimentation en eau de la ville [voir annexe].

L'usine aujourd'hui détruite est décrite dans la légende des planches publiées dans les Annales industrielles en 1880 [voir annexe]. Elle se composait de trois nefs, avec une nef centrale plus large, " 20 mètres de façade sur 12 mètres de profondeur", couverte d'un toit à longs pans et lanterneau, renfermait les fours pour la production du gaz à partir du charbon et les quatre pompes actionnées par une machine à vapeur pour la production d'eau. La nef à gauche contenait les épurateurs et celle de droite le magasin, les bureaux et le bureau du contre-maître.

En 1936, un nouveau gazomètre est accolé à celui existant. Il est décrit ainsi dans le traité de gré à gré passé avec la société Fours métallurgie, 60 rue Saint-Lazare à Paris : un four à 6 cornues de silice à sole plate de 64x35, avec gazogène et récupérateur au-dessus du sol (voir détail en annexe).

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Montmorillon , avenue Fernand Tribot

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2017 AK 17, 18

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