Présentation de la commune de Nalliers

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Les origines de la commune

Des traces archéologiques

Les traces d'implantations les plus anciennes sur le territoire de Nalliers dateraient du Néolithique. Des découvertes de haches polies en silex et en roches vertes (chloromélanite) ont été signalées près du village de Rouets (aujourd'hui détruit) dès la fin du 19e siècle.

À la fin du 20e siècle, les prospections archéologiques ont permis de repérer un enclos protohistorique près du hameau de Taboulbin, ainsi que l'exploitation du minerai de fer (ferrier et petite forge) à la pièce de la Lande et près du gué du Chêne. Les prospections aériennes de Christian Richard dans les années 1980-1990 ont également permis de découvrir des occupations gallo-romaines près du bourg : sur le site du « champ de la Chapelle », dont le toponyme suggère une ancienne présence religieuse à cet endroit, des traces de deux temples gallo-romains de plan carré ont été trouvées [voir annexe].

L'église et l'implantation seigneuriale

L'église Saint-Hilaire est citée en 1093 par Pierre II, évêque de Poitiers, parmi les biens de l'abbaye de Saint-Savin sous le vocable ecclesia Sancti Ylarii de Naler. De la première église romane, construite entre la fin du 11e et le 12e siècle, il ne reste que peu d'éléments visibles.

Situé sur la rive gauche du bourg tout près de la Gartempe, le château médiéval est, avec l’église, l’une des plus anciennes constructions de Nalliers. Un fief est cité vers 900 et un château aurait existé au 11e ou au 12e siècle. De 1355 à 1689 environ, il est la propriété de la famille d'Allemaigne. Au 15e siècle, cette famille donne deux abbés commendataires à l'abbaye de Saint-Savin : Jean, abbé de 1435 à 1478, et Florent, abbé de 1484 à 1510 et évêque de Poitiers. Ce dernier fait construire une chapelle adossée à l'église Saint-Hilaire, sur la rive opposée de la Gartempe par rapport au château. Ses armoiries « d’or à trois fasces de gueules» (jaune rayé de rouge) sont alors apposées sur la plupart des arcs doubleaux et formerets de la nef et du chœur de l'église, ainsi que sur quatre clefs de voûtes et certains culots de la voûte de la nef et du chœur.

Une autre chapelle est adjointe à celle des Allemaigne, au nord de la seconde travée de la nef, sans doute dans la seconde moitié du 16e siècle. Constituée de deux travées, elle aurait été édifiée par la famille de Lauzon, ce qui explique le changement d'armoiries dans cette partie de l'édifice (« de gueules au lion d’argent tenant un glaive et au chef d’argent avec trois roses »). Cette famille de seigneurs serait également à l'origine de l'édification, au 16e siècle, du manoir près de l'église. Surnommé « le Petit Nalliers » il prend ensuite le nom de la famille, qui y loge jusqu'à la fin du 17e siècle.

En 1617, le fief du château de Nalliers est cité comme dépendant du fief des Clerbaudières à Paizay-le-Sec. En 1628, un avertissement est donné devant le parlement de Poitiers par Charles de Neuchèze, abbé commendataire de Saint-Savin, contre Jacques d'AIlemaigne, écuyer, seigneur de Nalliers, pour faire valoir l'appartenance de la seigneurie de Nalliers par l'abbaye de Saint-Savin. La propriété du château passe à la famille Turpin de 1741 à 1783. Entre1761 et 1766, cette famille réalise plusieurs défrichements [voir annexe].

En 1772, comme l'atteste la date inscrite sur le linteau d'une fenêtre de sa façade occidentale, le presbytère est remanié et durant cette même année, un terrain de 30 ares est donné par le seigneur Turpin d'Allemaigne pour compléter le jardin du presbytère, témoignant encore de l'impact des familles seigneuriales sur la commune et son bâti.

Le bourg se développe à partir du Moyen Âge autour de l'église, sur la rive droite de la Gartempe. Il ne reste pas de traces de ces constructions, en matériaux périssables (bois et terre). En 1488, une forge à fer dépendant de la seigneurie du Ry est signalée à Nalliers (Rédet, p. 289). Parmi les édifices conservés, les plus anciens peuvent être datés du 15e siècle et le plus grand nombre du 16e et du 17e siècle, comme en témoignent les accolades qui ornent les linteaux des portes et des fenêtres et les nombreuses ouvertures chanfreinées (à bord abattu).

Un linteau du manoir de la Caillerie, sur la rive gauche de la Gartempe, porte la date de 1610, tandis que le linteau d'une maison voisine présente un médaillon avec les dates 1613 et 1910, dates supposées de la première construction et d'un remaniement important.

Les hameaux dont le nom apparaît déjà sur la carte de Cassini sont des lieux où le bâti moins remanié porte encore des traces de ces siècles. Sur le plan cadastral de 1826, de nombreuses constructions sont superposables au bâti actuel, notamment dans le bourg, au Bouex, à la Violetterie, à Linier.

Un lien fort avec la Gartempe

La Gartempe fait partie intégrante du paysage et de la vie de Nalliers. Elle traverse la commune sur 3,8 km ; le bourg s'est construit sur ses deux rives. Elle impacte le patrimoine naturel, mais aussi le patrimoine bâti. Point stratégique pour les demeures seigneuriales comme pour le château qui la domine, cette belle rivière est aussi source d'énergie. Le gué, le bac et le pont sont ainsi différents aménagements qui ont été conçus pour la franchir.

L'une des plus anciennes installations liée à l'eau et à son franchissement est le gué du Chêne. Signalé depuis le Moyen Âge, il permet la traversée entre les hameaux au nord de Nalliers et la commune de La Bussière lorsque le niveau de la rivière est plus bas, c'est-à-dire seulement quelques mois dans l'année. Son nom lui vient d'un hameau aujourd'hui disparu appelé « le Chêne » au sud de La Bussière, sur la rive gauche. Il apparaît sur le plan cadastral de 1826 de cette commune.

Le bac est quant à lui figuré sur la carte de Cassini au 18e siècle. Tenu par un passeur qui effectuait la traversée par bateau, cet aménagement permettait de rejoindre l'autre rive toute l'année et moins dangereusement que par le gué. Le passage d'eau de Nalliers est mentionné dans la liste des bacs du département de la Vienne du 17 thermidor an XII (5 août 1805). À partir de cette date, l’État organise les traversées des rivières, fournit une partie du matériel, met aux enchères le droit de passage contre une redevance annuelle et fixe les tarifs.

Entre 1837 et 1845, l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées dessine plusieurs nouveaux bacs pour traverser la Gartempe, à Busserais, Jouhet et Nalliers. Le bateau financé par la commune de Nalliers, commandé en 1837 à Pierre Jouteau, charpentier à Chauvigny, mesure 8m90 de long. Il doit être manœuvré par deux mariniers et peut transporter 50 personnes ou 4 chevaux ou bœufs.

En 1857, du fait de l'implantation du bourg sur les deux rives, le maire propose d'introduire la franchise de passage pour les conseillers municipaux allant au conseil, pour les électeurs allant aux élections, ainsi que pour les répartiteurs appelés à fournir des renseignements. Il insiste également sur l'inconvénient des délais d'attente pour la traversée.

Comme les 28 autres passages d'eau du département de la Vienne, le fermage d'eau de Nalliers est mis aux enchères pour neuf ans à partir du 1er janvier 1859. La commune devient fermière du passage d'eau. Le bac étant en très mauvais état, l’État rachète pour Nalliers en1862 le bac et le batelet de la commune de Maillé (aujourd'hui Saint-Pierre-de-Maillé), qui se trouve équipée d'un pont et n'en a plus l’utilité. Le bac est manœuvré par une traille (treuil). Malgré ces améliorations, le bac reste un moyen de traverser payant. Le service du bac de Nalliers sera supprimé en 1882 suite à la mise en service du pont.

En aval de cet ancien bac et en amont du pont, le moulin de Nalliers est implanté sur la Gartempe. Comme le bac, le moulin est une construction ancienne qui est figurée sur la carte de Cassini. Sur le plan cadastral de 1826, le bâtiment d'eau est figuré dans le cours de la rivière, avec quatre roues. D'importants travaux sont réalisés dans les années 1850-1860 par Auguste Fruchon, puis par sa fille Églantine.

Ce moulin à blé est reconstruit et aménagé en minoterie en 1895 pour Louis-Alély Noiron. L'entreprise est rachetée l'année suivante par les frères Gigaud.

En 1898, deux roues à aubes animent trois paires de meules et une bluterie. De l'équipement de la minoterie ne subsiste actuellement qu'un blutoir dans le comble, deux turbines Kaplan et deux autres plus petites en fonctionnement. L'usine est rachetée en 1931 par Henri Pineau qui transforme la minoterie en usine hydroélectrique avec la construction d'un bâtiment d'eau, la réparation du barrage et la création d'une dérivation.

En 1946 sont annexées une usine de décolletage (en retirant de la matière sur des pièces de métal, elle produit des petits éléments comme des vis et des écrous) et une usine de chromage (servant à un traitement de surface) qui ferment en 1987, et dont ne subsistent actuellement que les bâtiments de l'usine de décolletage et le logement du gardien. Entre 1965 et 1975, deux plus petites turbines sont ajoutées dans l'usine hydroélectrique qui est toujours en fonctionnement.

Né du besoin de traverser plus facilement la Gartempe en reliant les deux parties du bourg, le pont est construit dans les années 1880-1882. L'extrait du registre des délibérations du conseil de fabrique de la paroisse de Nalliers du 4 avril 1880 donne des indications sur l’investissement financier que représente cette construction pour la commune. Dans cet extrait, le conseil de fabrique proteste contre le conseil municipal qui souhaite s'emparer d'une partie du jardin du presbytère pour la construction de l'école ; indiquant que : « [...] l'ouverture dans le bourg de Nalliers d'un chemin pour arriver au pont qui va se faire donnerait encore des emplacements propices [...] » pour l'aménagement de l'établissement scolaire.

Le 16 mai de la même année, l'extrait du registre des délibérations du conseil de fabrique,portant sur le même sujet, donne des précisions : « [...] Le Conseil, après avoir délibéré sur cette affaire, s'est trouvé divisé ; Messieurs Massé, Pétrault, Remérand, Hélion ont approuvé le projet de distraction, à cause de la difficulté d'acquérir du terrain ailleurs, et par motif d'économie, la commune se trouvant lourdement imposée pour la construction d'un pont […] ».

Le pont a été partiellement détruit par les FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) le 2septembre 1944 pour empêcher la traversée de la Gartempe par les troupes allemandes. Il est aujourd’hui à tablier métallique et repose sur deux piles maçonnées implantées dans le lit de la Gartempe.

Le développement de la commune aux 18e et 19e siècles

Dès le 17e et jusqu'au 18e siècle, de nombreux défrichements permettent la mise en culture de nouvelles terres et favorisent l'apparition de fermes et de lieux de stockage.

De cette époque datent les maisons à escaliers extérieurs protégés d'un auvent, dites « à balet », qui témoignent d'une activité agricole ou artisanale.

En 1790, la paroisse de Nalliers relève de l'archiprêtré et de la sénéchaussée de Montmorillon, de la châtellenie de Saint-Savin et de l'élection du Blanc.

La commune est créée en 1793 sous le nom de Naillé ; elle est d'abord rattachée à l'éphémère canton d'Angles-sur-l'Anglin, puis à sa suppression le 17 novembre 1801, au canton de Saint-Savin.

La commune connaît à cette époque de nouveaux aménagements.

Des croix de chemin sont installées à des intersections et à proximité des habitations, comme celle des Crouzats qui porte la date de sa mise en place « 1808 ».

En 1817, le cimetière est déplacé à l'extérieur du bourg, il était auparavant sur l'actuelle place publique près de l'église. Les sarcophages encore présents sur la place témoignent de cet ancien emplacement. D'autres sarcophages sont déposés au bord de la Gartempe rive droite,sur l'aire de repos.

Le cimetière est implanté au nord-est du bourg. Trois tombeaux s'y distinguent par leur forme rectangulaire et massive : ce sont les tombes des curés de Nalliers. Aucune chapelle funéraire n'est visible et une seule tombe présente un obélisque. Plusieurs tombeaux sont encore pourvus de supports en fer qui servaient à l'accrochage de couronnes funéraires.

Une grande partie des tombeaux est constituée d'une stèle surmontée d'une croix en pierre. Plusieurs stèles sont décorées de fleurs sculptées ou de remplages néogothiques. Quelques stèles en pierre prennent la forme d'une croix en faux bois, parfois munie d'une couronne funéraire sculptée.

Le cimetière possède également des tombeaux portant des croix en métal mais une seule porte la marque de la fonderie « Rosières », entreprise implantée à Lunery, près d'Issoudun, dans le Cher.

Le tracé de la route de Saint-Germain à Angles-sur-l'Anglin, sur la rive droite de la Gartempe (actuelle RD5), a été déplacé par rapport au plan cadastral de 1826, où elle passait plus près de la rivière. Ainsi, la route passe aujourd'hui entre les fermes de La Rougetterie et du Petit-Roussac, alors qu'elle passait auparavant à l'ouest de la Rougetterie.

La mairie encadrée de deux salles de classe est construite en 1884 dans le bourg, au sud de l'église et du presbytère, sur la rive droite de la Gartempe. Avant cette date, l'école était installée dans le manoir de la rue de la Chapelle, au nord-est de l'église, comme le mentionne Alfred Richard en 1881 dans le Bulletin des Antiquaires de l'Ouest : « à quelque distance de l'église, l'école est installée dans les restes d'un donjon primitif, pouvant remonter au 12esiècle ; c'est une masse carrée, flanquée à chaque angle de contreforts ronds et pleins. On y pénètre par une entrée élevée de plusieurs mètres au-dessus de sol ».

Depuis la loi d'avril 1867 de Victor Duruy, les communes de plus de 500 habitants devaient créer une école de filles. À Nalliers, faute de moyens, la classée donnée dans le bâtiment loué par la commune est mixte ; la commune est rappelée à l'ordre en 1874 par le directeur de l'enseignement primaire. Un projet de nouvelle école-mairie avait été approuvé en 1870, mais la nouvelle école n'est construite qu'à partir de 1883. Après un débat houleux entre le curé et le maire, une partie du jardin du presbytère devient propriété de la commune à cet effet. Une demande de subvention du maire au préfet pour obtenir du mobilier scolaire permet de savoir la date approximative de fin des travaux de la maison-école en 1884. Cette école, aujourd'hui bureau de poste, mairie et salle des fêtes, est active de 1885 à 1955.

En 1885, la commune compte 567 habitants, dont 90 enfants d'âge scolaire.

À la fin du 19e siècle, le pont permet l'agrandissement du bourg sur la rive gauche.

Plusieurs maisons et fermes sont édifiées ou remaniées à la fin du 19e siècle comme l'indiquent une pierre à l'entrée d'une ancienne écurie à la Violetterie portant la date « 1891 »,ainsi que le linteau d'une grange et une pierre du chaînage d'angle d'une maison dans la rue du Moulin, rive gauche de la Gartempe, portant toutes deux la date « 1896 ».

Nalliers au 20e siècle

La population de Nalliers est relativement stable, oscillant entre 481 et 592 habitants tout au long du 19e siècle et jusqu'en 1962. Elle baisse régulièrement depuis cette date, passant de 523 habitants en 1962 à 300 en 2012. Les pertes liées à la Première guerre mondiale sont accentuées par rapport à la mortalité strictement liée au conflit, la population passant de 583 habitants en 1911 à 533 en 1921.

De nouveaux équipements publics apparaissent durant ce 20e siècle.

Le puits de la place est creusé en 1902. D'abord doté d'une pompe à godets, il est ensuite équipé d'une pompe de marque Briau, modèle qui se retrouve à plusieurs reprises dans la commune.

La mise en place du monument aux morts est décidée par une délibération du conseil municipal le 6 juin 1920 et approuvée par décret présidentiel le 25 janvier 1921. En 1922, le monument aux morts est érigé par l'entrepreneur G. Robin et la réalisation des grilles qui l'entourent est confiée au forgeron Aristide Mazereau, résidant à Nalliers.

Grâce au limon déposé par les crues de la Gartempe, la commune est propice au maraîchage.Ce n’est donc pas un hasard de voir s’y implanter une entreprise d'horticulture, les Pépinières Teillet père et fils, qui investissent ces terrasses alluviales de 1860 à 1960, comme en témoignent les traces de l’enseigne publicitaire « Teillet horti » peinte sur les murs de deux maisons.

En 1924, la commune compte au moins treize « jardiniers » (maraîchers), pour lesquels plusieurs maisons de même modèle sont construites sur la rive droite de la Gartempe. Les terrains à l'arrière des maisons, sur la zone inondable de la rivière, servent au maraîchage,activité qui participe au commerce avec les communes voisines.

Le 31 juillet 1944, trois jeunes résistants FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français), Robert Canuel, Jules Six et Auguste Portenart, venus à Nalliers pour se ravitailler, ont été tués par des soldats allemands ; une plaque commémorative leur rend hommage, apposée sur une maison de la rue du 31 juillet 1944, à proximité du pont.

En 1939, 1 119 habitants de Creutzwald en Moselle sont évacués à Saint-Savin et répartis sur les communes voisines, dont Nalliers. Aujourd'hui encore se trouve à Creutzwald une impasse Nalliers en hommage à cet événement, et une plaque commémorative offerte par la commune est exposée à la mairie de Nalliers.

Un tableau commémoratif des morts est accroché dans la première travée de la nef de l'église et deux tombes du cimetière portent des plaques en l'honneur de deux soldats de la commune : Louis Bremier, mort durant la Première Guerre mondiale le 28 mars 1918 à l'âge de 24 ans, et René Giraud, mort le 2 février 1957 en Afrique du Nord.

À partir des années 1911, plusieurs maçons sont actifs à Nalliers. Dans les années 1910-1920,Georges Robin édifie des maisons en pierre de taille, puis en 1945, un autre maçon du même nom et peut-être de la même famille, Fernand Robin, est actif à Nalliers et construit plusieurs maisons avec des parpaings pleins qu'il produit lui-même. Plusieurs maisons, rue des Écoles,jointives à l'ancienne carrière, ont été construites par ce maçon après la Seconde Guerre mondiale. Enfin, dans les années 1950, Pierre Delalande devient propriétaire de quatre fermes(la Gautrelle, la Groge, Linier et les Bonnes Terres), qui figurent déjà sur le plan cadastral de1826, et grâce à une main d’œuvre conséquente, y fait construire plusieurs maisons sur le même modèle.

Les éditions Rossignol

En janvier 1946, un couple d'instituteurs, André et Madeleine Rossignol, créent à Nalliers un matériel pédagogique nouveau : les Éditions Rossignol, publiées sous le label « La coopération pédagogique ». Ces publications sont autant d'outils à destination des élèves et des maîtres ;elles sont constituées notamment d'une importante collections d'images, de revues, de cartes touchant à tous les domaines (l'histoire, la vie quotidienne, l'orthographe, les sciences...). De nombreuses planches aux sujets variés ont ainsi été publiées. Hautes en couleurs et riches de détails, elles étaient faites pour que les enfants les commentent et expliquent les différentes situations, leur apprenant de manière ludique à décrire et à employer un vocabulaire précis.

En 1948 apparaissent dans la commune des tensions suite à la volonté du conseil municipal d'aménager une classe enfantine (maternelle), en attendant la construction d'un groupe scolaire neuf, dans deux pièces que l'instituteur et sa famille occupent, notamment pour l'imprimerie. Des conflits apparaissent entre le couple d'instituteurs et les parents d'élèves.Consacrant beaucoup de temps à cette activité de libraire, une plainte est déposée contre les enseignants par les parents d'élèves et le conseil municipal.

Plusieurs faits sont reprochés au couple d'instituteurs, tant sur l'espace et le temps consacrés à ce commerce, qu'à leurs manières d'enseigner ; une enquête est ainsi requise en novembre1948 par l'inspecteur d'académie afin de vérifier la véracité des accusations portées contre eux.

Le rapport de l'inspecteur primaire se pose en faveur d'André Rossignol, mais suggère tout de même à ce dernier de demander une mutation car l'espace requis pour la classe enfantine est primordial pour le confort de l'enseignement des élèves.

L'inspecteur d'académie, en accord avec l'inspecteur primaire, écrit au préfet que « les motifs invoqués dans la pétition des familles ne reposent pas sur des fondements sérieux » et que« seule l'activité commerciale signalée était conforme aux faits » et que cette dernière a cessé. Il ajoute que « l'enquête n'a rien révélé qui permette de justifier une sanction aussi grave que le déplacement de M. Rossignol sans qu'il en ait manifesté le désir ». Malgré cela, la famille Rossignol quitte Nalliers et installe son commerce à Montmorillon en 1953. C'est ainsi que l'on trouve sur la production des éditions Rossignol, tantôt Nalliers, tantôt Montmorillon comme lieu de publication. Le commerce grandissant des Éditions Rossignol, la nécessité de laisser de l'espace pour l'aménagement urgent de la classe enfantine et le mécontentement des parents ont sans doute été les raisons de ce départ.

L'école du bourg étant devenue trop petite et n'étant plus aux normes, une nouvelle école primaire, l'école « André Cavard », est construite sur un terrain acquis à l'entrée sud du bourg, rive droite de la Gartempe, en 1951.

En 1950, un premier avant-projet est fourni par l'architecte de Roger Boisard, qui avait dressé les plans par l'agrandissement de la mairie-école en 1930. Finalement, l'établissement est réalisé par la société d'exploitation de l'entreprise Netter, sur les plans des architectes Alfred Douvin et Jean-Louis Léonard en 1956.

Les anciennes classes de l'école ont été transformées en partie en logements (à gauche de l'actuelle agence postale) et en partie, en salle des fêtes depuis 1959.

En 1962, suite à la construction de la nouvelle école, un stade est aménagé, attenant à l'établissement scolaire.

L'adduction en eau courante est réalisée en 1955.

Un paysage de vallons et de brandes

La commune de Nalliers est située au nord-est du département de la Vienne et est limitrophe de celui de l’Indre. Elle est bordée au nord, de la commune de Saint-Pierre de Maillé, à l'est, de celle de Mérigny (Indre), au sud, des communes de Saint-Germain et Saint-Savin et à l’ouest,de la commune de La Bussière.

D’une superficie de 1 603 hectares, le point le plus bas de Nalliers est à 72 mètres tandis que le plus élevé est à 134 mètres. La commune est irriguée par la Gartempe qui la traverse sur 3,8km et sépare son bourg en deux parties.

Cette implantation de la rivière dans la commune donne une diversité de milieux et de paysages selon la rive gauche et la rive droite et l’éloignement par rapport à la Gartempe. Plusieurs types de sols caractérisent la commune : une majorité de plaines calcaires, des terrasses alluviales et une terre d'argile à silex peu profonde, ressources naturelles. L'importance des terres de brandes apportent une verdure et une végétation foisonnantes aux paysages.

La commune présente des paysages et une faune variés entre plaines vallonnées et/ou boisées et vallons. De nombreux coteaux offrent une vue privilégiée sur la commune et sur la Gartempe.

Aujourd'hui, la majorité des terres est mise en culture (76,8%), alors que les forêts et les milieux semi-naturels (brandes principalement) occupent près de 21 % de la superficie communale.

La carte de Cassini, dressée dans la seconde moitié du 18e siècle, donne une idée du paysage et de la végétation de Nalliers à cette époque, composée de bruyères/landes et de forêts. Au 18esiècle, de nombreux défrichements sont signalés sur le territoire de Nalliers comme dans toute la vallée de la Gartempe. Elles représentent encore 205 ha, soit 9 % de la superficie communale en 1826. À cette date, près de 65 ha (4,15 % du total) sont cultivées en vignes ; elles ont complètement disparu après la crise du phylloxéra qui ravagea les vignes françaises à la fin du 19e siècle.

Le patrimoine religieux

L'église

L’église Saint-Hilaire de Nalliers a été implantée sur la rive droite de la Gartempe, à 120 m de la rivière. De la première église romane (fin 11e-12e siècle), il ne subsiste que quelques éléments : le portail de l'ancienne façade qui sépare aujourd'hui le porche de la première travée de la nef, les modillons réemployés pour la corniche du clocher, et, adossé au mur sud du clocher, un contrefort plat visible depuis la cour du presbytère qui maintenait l'ancienne façade romane.

Le clocher-porche, avec sa voûte d'ogive daterait du 15e siècle. L'édifice a connu à cette époque une importante reconstruction, notamment les voûtes d'ogives de la nef et du chœur.

Les chapelles au nord de la nef auraient été construites au 15e et au 16e siècle par les seigneurs d’Allemaigne pour la première et de Lauzon pour la seconde. Les vitraux de la baie géminée à remplage gothique de la chapelle attribuée aux de Lauzon dateraient du 16e (après1562, année où l'église subit de grave dommages par les protestants) ou du 17e siècle.

Le clocher-porche est reconstruit au 17e siècle, puis coiffé, au 18e siècle, d’un dôme d’ardoises à deux lanternons « à l’impériale ».

Le bénitier qui présente encore un système de fermeture en métal daterait quant à lui du 17e siècle.

Au 18e siècle, la sacristie est probablement agrandie ; au même moment, les cloches sont déplacées de la chambre des cloches au premier étage du clocher.

Avant la Révolution, la paroisse relève de l'archiprêtré de Montmorillon.

Saint Hilaire (« SCS HILARIUS » [sanctus Hilarius]), saint patron de l'église, a été figuré sur la verrière du chœur dans les années 1860. Sous une architecture richement décorée, le saint nimbé porte dans sa main droite De Trinitate, un de ses plus célèbres traités, et exécute le geste de bénédiction de sa main gauche. Il est représenté avec ses attributs d'évêque, crosse et vêtement liturgique, en train de piétiner un dragon, symbole de l'hérésie.

Le 16 juin 1894, le conseil de fabrique de l'église paroissiale de Saint-Hilaire de Nalliers se réunit au presbytère au sujet des réparations nécessaires concernant la toiture de l'église.L'extrait du procès-verbal de cette réunion permet d'avoir une idée de l'état de l'édifice,apparemment très mauvais : « il fait eau de toutes les voûtes au point de les transpercer et qu'en plusieurs endroits l'eau tombe dans l'église », le conseil demande donc une subvention à la commune puisque « les ressources de la fabrique suffisent à peine aux frais ordinaires du culte ».

L'arc nord-est, séparant la seconde travée de la nef de la deuxième travée de la chapelle nord, est percé d'un hagioscope (ouverture) destiné aux seigneurs, qui pouvaient ainsi suivre les offices depuis leur chapelle.

Un autre hagioscope percé dans le mur sud (deuxième travée) et fermé par une claustra (panneau ajouré) permettait aux sœurs qui occupaient le presbytère d'assister aux offices, depuis une pièce qui communique avec la chapelle sud et qui relie le presbytère et l'église.

Le presbytère

Le corps principal est implanté en retrait de la place. La partie sud du bâtiment est la plus ancienne ; une fenêtre à encadrement chanfreiné (17e siècle?) et l'ancienne chaîne d'angle visible au milieu de la façade en témoignent. En 1772, le propriétaire du château, Turpin d'Allemaigne, donne un terrain pour servir de presbytère. D'importants travaux d'agrandissement et d’embellissement sont aussi menés : une porte (déplacée ensuite) et les cheminées reçoivent un nouveau décor et la date 1772 est gravée sur le linteau d'une fenêtre.

À l'intérieur du corps central du presbytère, une porte au linteau décoré est encore une preuve de ce remaniement. Cette porte intérieure, au rez-de chaussée, semble, avec son linteau mouluré à décor denticulé (en forme de dent) être l'ancienne porte d'entrée du presbytère,déplacée ici lors de l'agrandissement. Trois cheminées sont encore en place au rez-de-chaussée et à l'étage.

En 1880 commence un débat entre le conseil de fabrique (qui correspond à la paroisse) et le conseil communal concernant la distraction (séparation) d'une parcelle du terrain du presbytère, de 21 ares, pour devenir la propriété de la commune de Nalliers et y construire la mairie-école.

En janvier, le curé Léon Rigollet s'oppose à cette distraction du jardin, écrivant au sous-préfet que ce jardin est resté la propriété de la paroisse, même après la Révolution, puisqu'il est issu d'une donation faite en 1772.

Puis, le 16 mai, le conseil de fabrique se rassemble une nouvelle fois, il est désormais divisé,une partie est d'accord pour céder le terrain à la commune, l'autre souhaite conserver ce morceau du jardin et pense qu'il convoité par la commune dans un intérêt purement économique.

Le 18 janvier 1881, le maire de Nalliers, M. Massé, écrit au sous-préfet et donne le point de vue communal sur cette affaire, affirmant que la commune est endettée et le jardin peu utile au presbytère, que le vote du conseil est favorable à la distraction et que cette parcelle est un bien communal et n'appartient pas à la paroisse. Le 6 avril 1881, le terrain devient alors la propriété de la commune pour y construire la mairie-école.

À partir des années 1900, le presbytère est mis en location par la commune, cette ressource financière supplémentaire lui permet d'entretenir l'édifice, les locataires devant prendre en charge les réparations et restaurations nécessaires.

Château et manoirs

Un château et sept manoirs dispersés entre les hameaux et le bourg témoignent de l'importance de Nalliers. L'emplacement stratégique de la commune, proche de la Gartempe et près du département de l'Indre en fait, dès le 14e siècle, le lieu d'implantation de plusieurs familles de seigneurs.

Le château

Le château, implanté rive gauche de la Gartempe, en à-pic de la rivière qui le borde et constitue une défense naturelle, est sans doute la construction la plus ancienne parmi ces demeures seigneuriales. Appartenant à la famille d'Allemaigne, puissante famille de seigneurs, depuis le14e siècle, il reste leur propriété jusqu'au 17e.

Au 14e siècle, il devait avoir un aspect assez proche du château de Pruniers, situé sur la commune de Pindray, à une dizaine de kilomètres plus au sud : un bâtiment rectangulaire massif, flanqué de quatre tours qui figurent sur le plan cadastral de 1826. Sur ce territoire aux marges du Poitou et théâtre de plusieurs batailles pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453),les systèmes de défense, archères et canonnières, ont évolué au fil des décennies. Celles qui nous sont parvenues en témoignent.

D'après dom Fonteneau, Pierre d'Allemaigne aurait « reconstruit à neuf son hôtel de Nalliers »avant 1421. Au 16e siècle, le château est en partie reconstruit. Le grand bâtiment construit parallèlement à la Gartempe et figuré sur le plan cadastral de 1826, datait probablement de cette époque. Il n'en reste que des éléments de fenêtres à mouluration entrecroisées dans l'arrachement d'un mur et des décors déposés, qui suggèrent l'existence d'une façade qui pourrait ressembler par exemple à la façade du château du Ry Chazerat à Journet. Ce grand bâtiment a été détruit et remplacé par un bassin qui devait servir de vivier.

La toiture conique et le dernier étage de la tour seraient les derniers rajouts à l'ensemble.

Les manoirs

Le manoir de la Caillerie est implanté dans le bourg, sur la rive gauche de la Gartempe. Il a connu un important remaniement au début du 17e siècle. La porte d'entrée porte la date« 1610 », ainsi que des vestiges d'armoiries. La demeure tire son nom de la famille qui en est propriétaire jusqu'au 18e siècle. L'un de ses membres, Pierre de la Caillerie, fut maire de Poitiers en 1668.

Pendant la guerre de Cent Ans, le manoir défend la Gartempe comme le prouve la présence d'une canonnière au dernier niveau de la tour d'escalier et une autre aujourd'hui murée au niveau des combles.

La grange à l'arrière du manoir a été construite en 1888 , date inscrite sur le linteau en bois de la porte charretière.

Le manoir de Lauzon est lui aussi situé dans le bourg, mais sur la rive droite de la Gartempe.La famille de seigneurs de Lauzon, qui l'habite jusqu'à la fin du 17e siècle, aurait fait construire la chapelle au nord de la nef de l'église. Cette demeure semble être du début du 16e siècle. Les linteaux de fenêtres et de portes en accolade et les ouvertures chanfreinées correspondent à cette datation.

La façade donnant sur la Gartempe est percée d'une porte haute, accessible par une échelle ;la salle noble se trouvait, comme dans de nombreux manoirs, à l'étage.

Au sud, malgré l'austérité de l'ensemble, un vestige de litre peinte sous la corniche portant les armoiries du seigneur et une fleur de lys (ce décor nécessitait l'autorisation du roi), en hauteur et donc à la vue de tous, témoignent de l'importance des propriétaires du manoir.

Sur cette même partie du manoir, une pierre d'envol (correspondant au pigeonnier) est exagérément en saillie et participe à cette volonté d'apparat.

Le décor est très sobre, c'est une maison forte qui comporte encore ses meurtrières. Celles-ci ne sont pas dirigées vers la Gartempe, mais défendent le bourg et la plaine vers la Creuse, plus à l'est.

La galerie au nord-est du manoir, côté rue, daterait du 17e siècle. Un porche traversant permet l'accès depuis la rue à la cour du manoir. Depuis cette même rue, la saillie du mur témoigne de l'importante cheminée à l'intérieur.

Le manoir de la Cochonnière est isolé au nord de la commune. Après avoir été mentionné en1577 comme appartenant à Jean Giffart, il est cité parmi les biens de la seigneurie de la Roche-à-Gué à Saint-Pierre-de-Maillé en 1639. Dans la première moitié du 17e siècle, c'était un ancien fief avec pouvoir de basse justice dépendant de l'abbaye de Saint-Savin.

Les bâtiments s'organisent autour de deux cours séparées par un mur de clôture et un portail.Les bâtiments agricoles (granges et logements secondaires) s'organisent quant à eux autour de la cour sud. Le manoir proprement dit borde la cour nord.

Des deux tours figurées sur le plan cadastral de 1826, il ne subsiste aujourd'hui que la tour nord-ouest, la tour sud-ouest ayant été détruite. D'autres éléments défensifs sont encore visibles, notamment des vestiges de créneaux et mâchicoulis dans l'angle nord-est du logis et deux fenêtres de tir orientées vers le sud qui défendent l'entrée du manoir. Une archère, une fente de tir et une autre canonnière défendent l'ouest et le nord du logis. Leur forme reflète l'évolution de l'artillerie au cours de la guerre de Cent Ans.

Au sud de l'élévation se trouve une porte aujourd'hui murée, dont le linteau porte le tracé d'une accolade jamais évidée.

D'importantes dépendances agricoles sont construites au 19e siècle. L'ancienne salle noble, avec sa grande cheminée, à l'étage, avait été transformée et servait encore d'espace de stockage pour les récoltes et la paille lors de l'inventaire de 1974. La porte d'entrée était surmontée d'une porte haute desservie par une échelle.

Le manoir des Crouzats, lui aussi isolé, est implanté dans le hameau des Crouzats, près de la Gartempe. Un acte notarié de 1577 fait mention du fief « Les Crouzats » comme relevant de Jean Giffart, « équier, seigneur de la Cochonnière », le propriétaire avait donc peut-être à l'époque la possession des deux manoirs. La demeure est très remaniée au 20e siècle,notamment la tour escalier, mais il présente lui aussi des linteaux ornés d'accolades et des chanfreins restaurés, marques du 16e et du 17e siècle, ainsi qu’un pigeonnier comme au manoir de Lauzon.

Une vaste propriété du Bouex pourrait correspondre à une forge mentionnée à la fin du 15esiècle. La partie agricole présente des bâtiments construits successivement du 17e au 19esiècle. Elle est séparée du logis par une porte en plein cintre. Ce logis, très remanié, possède un pigeonnier de plan carré.

Le vaste bâtiment situé au nord-est de l'église a tantôt été qualité de « donjon du 12e siècle », tantôt de gentilhommière. Il est constitué d'un grand bâtiment de plan rectangulaire, flanqué d'une tour très peu saillante à chaque angle. Il comporte des éléments du 15e siècle (moulurations en cavet). Il n'a pas pu être visité pour vérifier l'existence d'éléments défensifs. Loué par la commune, il a servi d'école avant la construction de la nouvelle école en 1884.

L'habitat

Voir le dossier : l'habitat à Nalliers.

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