Château Ormes de Pez

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Estèphe

L'historique du domaine a été dressé par Daniel Frugier qui a effectué des recherches dans les archives du domaine et des collections publiques.

En août 1603, Arnaud Capdeville, marchand et bourgeois de Bordeaux, se marie avec Marie Soullard dont la famille possède depuis 1596 le domaine de Pez. Dès 1621, Arnaud est également procureur d’office de la juridiction de Castelnau. Veuf en 1627, il se remarie avec Marie La Faye, fille d’une famille de Castelnau. En 1638, il fait reconstruire et bâtir la maison de maître : les exporles de 1638 et de 1685 désignent "une maison haute en planchier" donc une habitation d’un étage. Arnaud décède en février 1645.

Son fils Philippe, né en 1617 du premier mariage d'Arnaud, développe le domaine de Pez, situé au Petit Pez. Vers 1649, Philippe Capdeville épouse Marie Vermis. En 1651, il procède à la liquidation de la succession de ses parents pour détenir l’entière propriété du domaine de Pez. En 1667, il agrandit le domaine, en faisant l’acquisition pour 3000 livres d’une grande métairie située au hameau Aillan, proche de celui de Pez. A partir de 1660, il consent au détournement de l’ancien chemin public établi à l’ouest, vers le bas du vallon du Paluda, où regarde sa maison, pour confirmer l’usage plus commode, contre compensation de terrains, de l’accès au hameau de Pez en traversant ses places situées à l’est. A la fin de sa vie, il devient monnayeur pour le roi en sa Monnaie de Bordeaux et meurt à Pez le 21 septembre 1707.

Son fils, Nicolas Capdeville, est marié à Marguerite Dast. En 1715 et 1717, des transactions témoignent d’un besoin évident de matériaux de construction et de main d’œuvre de maçon : Nicolas aurait donc procédé à la reconstruction ou à l'agrandissement de la maison. Il meurt en 1748, quelques semaines après son fils François ; c’est sa fille, Anne Capdeville (née en 1713, fille de Marguerite Dast), qui hérite du domaine. Elle épouse en 1730 Jacques Mercier, avocat, qui meurt en 1742 ; en 1749, elle épouse en secondes noces Guillaume Pénicaud, avocat à la cour du parlement. Ce dernier prend les rênes de la gestion des domaines ruraux de son épouse et leur maison de campagne devient celle de Pez, le siège du domaine le plus important de leurs possessions.

En 1756, ils reçoivent en donation/vente viagère le domaine du Boscq d’un lointain cousin, Jean Geoffret. Cette propriété est mise en fermage et confiée à Thomas Barton, mais à partir de 1764, des terres en sont amputées pour être mises à profit pour le bétail du domaine de Pez, manquant manifestement de prairies. Guillaume Pénicaud accède à la charge de conseiller en la Cour des Aides et Finances de Guyenne en 1768. En 1763, il avait sollicité Joseph de Fumel pour regrouper, harmoniser et simplifier les redevances seigneuriales en espèces et en natures qui pesaient sur toutes les terres du domaine, dans la dépendance de sa mouvance seigneuriale.

En 1779, le domaine du Boscq est dévolu aux enfants Mercier et le domaine de Pez revient à Guillaume Pénicaud et à son fils Jean-Baptiste Nicolas. Dès 1772, ce dernier acquiert des terres aux alentours de Pez ; mais sans descendance, il vend le domaine par acte du 17 mars 1792 (Me Barberet à Bordeaux) : le domaine s’étend alors sur une superficie de quelque 77 ha, dont 35 ha de vigne. Olivier-Jean Brunaud aîné, négociant bordelais, se porte acquéreur du domaine pour la somme de 160.000 livres ; il en était le régisseur depuis 1791 ; mais il demande rapidement la résiliation de l’acte passé, le 17 mars 1792 ; le domaine mis en fermage reste alors la propriété des Pénicaud/Capdeville.

Néphtaly Lattad de Rose en devient propriétaire en 1802 ; puis endetté, il le vend à Edwards Southard, négociant, consul général de Sa Majesté le roi de Sardaigne, le 27 novembre 1828 : c’est à partir de cette date que le "domaine actuellement connu sous le nom de Pez sera désormais appelé domaine des Ormes de Pez".

Le plan cadastral de 1825 indique un bâtiment avec deux pavillons à l'ouest, une aile au sud et des bâtiments de dépendance au nord.

Une lithographie publiée dans l'ouvrage de Gustave de Galard propose une représentation du château à cette époque : il s'agit de la façade ouest, côté jardin. La maison basse est encadrée de deux pavillons carrés et accessible par un escalier et une terrasse. Elle correspond probablement à la maison construite ou agrandie par Nicolas Capdeville au début du 18e siècle.

En 1850, le domaine des Ormes est mentionné dans l'ouvrage de Cocks et Féret comme appartenant à Southard et produisant 100 tonneaux. Edwards Southard meurt à Bordeaux le 10 avril 1862 ; le domaine reste en indivision. Les augmentations et diminutions indiquent au nom d'Edouard Soutard l'augmentation de construction d'une maison (parcelle F1334) achevée en 1867 (le revenu passe alors de 40 à 60 francs). En quoi consiste cette augmentation de construction ? S'agit-il déjà du corps de bâtiment est et de sa façade ordonnancée ?

Le domaine est vendu les 15 et 26 décembre 1877 à Antoine Berthé, propriétaire demeurant au bourg de Saint-Estèphe et à son gendre Jean Bonifet, époux de Marguerite Berthé, demeurant à Leyssac. Il ne compte plus que 20 ha dont 14 de vigne. Selon Daniel Frugié, c’est cette famille Berthé/Bonifet qui fait construire la demeure actuelle en 1887-1888 (augmentations et diminutions, parcelle F1330 [or le château se situe sur la parcelle 1334], construction nouvelle d'une maison).

A la fin du 19e siècle, le domaine des Ormes de Pez devient propriété de la famille Carrère, banquiers à Pauillac. Par alliance matrimoniale, il revient à Marcel Alibert en 1903. Il est illustré dans l'édition de 1922 de Bordeaux et ses vins et appartient encore à cette époque à ce dernier.

Les Alibert vendent en 1927 à la Société civile du Haut-Médoc, puis en 1942, la famille Cazes se regroupe pour le rachat de 29 parts de la Société (Me Vialard, acte du 24 novembre 1942). La famille Cazes en est encore propriétaire de nos jours.

Périodes

Principale : 1er quart 18e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

La maison est composée de deux parties : un corps de bâtiment à étage carré, à l'est, greffé à un logis en rez-de-chaussée encadré de deux pavillons, à l'ouest.

Côté jardin (ouest), le rez-de-chaussée est accessible par un escalier droit en pierre menant à une terrasse. La façade percée de 6 ouvertures est en pierre de taille à bossage continu. De part et d'autre, deux pavillons sont en moellons enduits, avec chaînages d'angle en pierre de taille.

Côté cour, la maison à étage présente une façade ordonnancée selon 5 travées. Les ouvertures du rez-de-chaussée sont en arc segmentaire, celles de l'étage à plates-bandes. Toutes présentent des encadrements moulurés à crossettes et des agrafes ornées. Une corniche à denticules couronne la façade, tandis que la travée centrale est surmontée d'un fronton triangulaire.

A l'intérieur, un vaste vestibule central dessert les pièces et l'escalier permettant d'accéder à l'étage. Un caveau voûté est ménagé sous la demeure.

Le jardin est clos d'un mur ; deux portails avec piliers maçonnés y sont aménagés à l'est.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

    Revêtement : bossage

Toits
  1. tuile creuse
Étages

1 étage carré, en rez-de-chaussée

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit en pavillon

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

  2. Emplacement : escalier intérieur

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Estèphe

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Pez

Cadastre: 1825 F1 1334, 2015 OF 3010

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