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Maison de la Coutume, auberge, actuellement centre socio-culturel
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Coulon
Historique
Le droit de Coutume prélevé sur les marchandises transportées sur la Sèvre Niortaise, est créé en mai 1285 par lettres patentes délivrées par Matthieu, abbé de Saint-Denis, et Symon, seigneur de Nivelle, lieutenant du roi. Les deux tiers des droits prélevés appartiendront au roi, l'autre tiers aux maire et bourgeois de Niort. En 1325, Raoul, comte d'Eu et seigneur de Benet, donne à Guillaume de Verruye les cens, rentes et terrages qu'il possède à Coulon, ainsi que la partie qu'il détient "au passage ou rivage et au levage" sur la Sèvre Niortaise. Un tel péage est repris à son compte quelques décennies plus tard par le pouvoir royal lorsque le 1er juin 1377, Jean, duc de Berry, frère du roi Charles V, de passage à Niort, décide par lettres patentes la levée d’un impôt ou "coutume" pour financer la construction d’un nouveau port à Niort. La taxe est imposée sur les marchandises transitant non seulement par Niort mais aussi dans les ports de Sevreau, la Tiffardière, Coulon, Aziré, Maillé, Le Gué-de-Velluire et Le Poiré-sur-Velluire. Ainsi est véritablement créé le droit de Coutume, exercé ensuite par les seigneurs de Coulon. On distingue la Grande Coutume due pour toute marchandise transitant dans le port de Coulon sur la Sèvre Niortaise ; le droit de rivage, prélevé sur les marchandises chargées et déchargées sur le port ; le droit de levage, perçu spécifiquement sur le sel ; la Petite Coutume, exercée sur les marchandises transportées entre Coulon et la Garette ; enfin, le droit de bac à payer pour emprunter le bac qui relie ces deux ports. En 1567 puis 1583, rendant aveu au seigneur de Benet pour sa seigneurie de Coulon, Pierre Pellot mentionne le passage ou péage sur les marchandises qui arrivent au "port ou rivage". Son père, Pierre Pellot époux Macé, en a acquis une partie des droits en 1562.
Jusqu'à la seconde moitié du 16e siècle, le droit de Coutume s'exerce dans un bâtiment appelé "la Vieille Coutume" qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel 14 rue de l'Eglise (voir l'histoire du port). Parallèlement, se trouvait ici une demeure de particulier, avec un verger occupant une grande partie de la place de la Coutume, et bénéficiant d'un port. L'aveu de 1583 rendu par Pierre Pellot, seigneur de Coulon, mentionne cet ancien verger, le port et la Maison de la Coutume, le tout ayant été acheté par son père, Pierre Pellot époux Macé, à René Dabillon le 5 juillet 1570. L'acte mentionne cet "hébergement et vergier et port ensemble qui furent [à] Colas Massé, Perrette Foucault et leur soeur, depuis à Guillaume Tristant Breley, Pierre Saraud, et à présent ma maison et Coutume".
Le siège de la Coutume a donc été transféré entre 1570 et 1583 sur la place de la Coutume, l'ancien port de la rue de l'Eglise étant trop difficile d'accès. Dès lors, le bâtiment, rebaptisé Maison de la Coutume, abrite jusqu'à la Révolution le siège du péage seigneurial. Le bâtiment actuel semble avoir été construit au 17e ou 18e siècle, comme le laisse penser la forme de la plupart de ses ouvertures. Deux plans de la place de la Coutume en 1783 et 1787 indiquent que la Maison de la Coutume comprend la maison elle-même, à l'est, une grange et écurie à l'ouest.
La Maison de la Coutume et les droits qui lui sont liés (péages, passage par bac), sont régulièrement affermés par le seigneur de Coulon à divers particuliers, généralement des marchands et notables. L'un des premiers baux passés après le transfert du siège de la Coutume, est signé le 15 octobre 1588 entre Louis Lorent, écuyer, seigneur de la Mormatin (gendre de Pierre Pellot), et René Bordron, marchand à Coulon. Lui succède en 1603 François Dabillon, marchand, pour "le droit de passage (...) sur la rivière de Sayvre et port de Coullon, ave chambre haute et basse du logis attouchant à celui de la Coutume du côté de la rue, et de laquelle chambre haute et basse jouit de présent René Bouildron, passager". Le lieu sert déjà d'auberge puisque le bail consenti à Dabillon concerne aussi "le droit de huitième de vin que ledit Dabillon vendra au détail et assiette".
Les baux des droits de Coutume se succèdent ensuite jusqu'à la Révolution, par exemple le 29 septembre 1708 à Jacob Fillon, marchand tanneur niortais (qui possède la propriété voisine, actuelle Maison du Marais poitevin), puis le 8 février 1735 à Louis Jamois, marchand à Coulon, ou le 20 décembre 1755 à Pierre Paul Fragneau, marchand de draps et soies à Niort, ou encore le 8 juillet 1771 à Pierre Meschain, marchand à Niort, et Elisabeth Marguerite Sailland, son épouse. Ce dernier bail mentionne la Maison de la Coutume qui consiste en "une maison logeable" et une grange, des toits, un grenier et la place qui s'étend au devant. Le 24 juin 1778, le seigneur de Coulon, le comte de Montbrun, afferme à Jean Goimine, marchand à Coulon, la maison, place et bac de la Coutume ainsi que le droit de péage sur la Sèvre "montant et descendant". A la fin du 18e siècle, le lieu sert toujours d'auberge. La Coutume est en effet gérée et exploitée en 1790 par Pierre Soulice, "cabaretier à l'auberge ci-devant appelée la Coutume".
Le droit de Coutume est toutefois fortement remis en cause au milieu du 18e siècle, notamment par les puissants bateliers et chamoiseurs de Niort qui voient d'un mauvais oeil cette taxation, surtout lorsque le seigneur de Coulon, le comte Jean Gabriel Simon Berthelin de Montbrun, décide de l'augmenter (tout comme le seigneur de Sansais). Le 28 juin 1753, Montbrun obtient un arrêt du Conseil du roi confirmant le droit de péage sur les marchandises qui passent devant le port de Coulon. L'arrêt lui refuse toutefois le même droit sur les marchandises qui traversent la Sèvre entre Coulon et la Garette. C'est pourquoi il fait appel. Un autre arrêt du Conseil, le 28 avril 1754, lui impose de nouveaux tarifs de péage. Le contentieux perdure jusqu'en 1759.
Le comte de Montbrun continue à gérer et tirer profit de la Coutume jusqu'à la Révolution. Dès 1790, ses droits sur la Maison, la place, le port et le bac de la Coutume sont cependant contestés par la commune de Coulon, notamment après que le décret du 15 mars 1790, en supprimant les droits féodaux, ait aboli les péages. Dans un mémoire d'octobre 1790, Montbrun rejette les revendications de la commune sur la Maison de la Coutume, estimant qu'elle lui appartient à titre foncier et non seigneurial, et dénonçant une cabale. Le 7 janvier 1791, un arrêté du directoire du district de Niort autorise Montbrun à continuer le service du bac entre Coulon et la Garette, tant qu'aucune nouvelle loi n'est pas intervenue sur le sujet. Le 8 floréal an 2 (27 avril 1794), Montbrun réafferme pour sept ans à Pierre Soulice, marchand à Coulon, la maison, la place et le port de la Coutume, avec deux petites maisons proches. Montbrun meurt quelques mois plus tard, et ses héritières, épouses l'une de Philippe-Xavier Brochard, comte de La Rochebrochard, l'autre du comte Emmanuel Jean Armand Bénédicte de Sainte-Hermine, continuent à bénéficier du passage par bac vers la Garette. Celui-ci est exploité par Pierre Soulice, un temps maire de Coulon, puis par son gendre, Jean Goimine, aubergiste sur le port de Coulon. En 1802 est en effet rétabli le principe de péages sur la Sèvre, ou droit de navigation, pour en financer les travaux d'entretien. Un des péages est établi à Coulon. La gestion du passage, dernier vestige de l'époque seigneuriale, passe à l'Etat en 1811. Il sera supprimé en 1850, le péage (encore exercé sur le nouveau pont de Coulon) en 1858.
Au cadastre de 1833, le bâtiment appartient toujours aux comtes de Sainte-Hermine et de La Rochebrochard, par leurs épouses. Au plan d'alignement du bourg en 1887, il est toujours la propriété d'Ernest de La Rochebrochard, demeurant à Vannes (Morbihan). Comme depuis le 18e siècle, le lieu abrite une auberge, tenue dans les années 1870 par François Tardy et son épouse, Suzanne Bertrand. Y voit le jour en 1875 leur fils Louis Roy, maire de Coulon de 1947 à sa mort en 1961, un des fondateurs de la Caisse nationale du Crédit agricole. Adolphe Jourdain, époux Saboureau, marchand de vins, achète le bâtiment en 1895 à M. de La Rochebrochard, mettant fin à plusieurs siècles de possession puis d'héritage seigneurial. A M. Jourdain succède son neveu, Alexandre Liège. L'ancienne Maison de la Coutume devient propriété communale en 1986, et abrite depuis un centre social et culturel.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 17e siècle, 18e siècle |
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Description
Le bâtiment s'élève sur le côté nord de la place qui porte son nom et qui borde, au sud, la Sèvre Niortaise. Il est constitué de deux corps de bâtiments dans le prolongement l'un de l'autre : une habitation à droite, une ancienne écurie, plus basse, à gauche. Le corps principal, à l'est (à droite), est haut d'un étage et d'un surcroît. Il ouvre au sud, sur la place, par trois travées d'ouvertures (la deuxième à droite comprend à l'étage une baie percée récemment). La plupart des baies possède un linteau en arc délardé et un appui saillant. La façade nord est percée de plusieurs baies dont deux, à l'étage, possèdent chacune un appui mouluré.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
1 étage carré, comble à surcroît |
Couvertures |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA79005178 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2023 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques |
Citer ce contenu |
Maison de la Coutume, auberge, actuellement centre socio-culturel, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/eadf2c0f-8a50-424c-a3ae-b521e618918b |
Titre courant |
Maison de la Coutume, auberge, actuellement centre socio-culturel |
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Dénomination |
station de péage auberge |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Coulon , 3 place de la Coutume
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: Bourg
Cadastre: 1833 D 926, 2024 AI 339