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Aux origines

Selon l'historien Didier Coquillas, une occupation gauloise tant au port que sur la falaise est probable. Un camp en éperon barré pourrait être antérieur à l'époque gallo-romaine.

Des murs antiques en petit appareil et des sols de mortier ont été signalés par l'archéologue François Daleau à l'emplacement de l'abbaye Saint-Vincent, au sommet de la falaise. Des travaux plus récents ont mis au jour un mur en petit appareil fortement rubéfié orienté nord-sud, des moellons cubiques dispersés avec des tuiles à rebords et quelques tessons de céramique. Ce matériel était mélangé à du mobilier médiéval et moderne.

Quelques rares fragments de tuile à rebords ont été découverts avec les vestiges de trois silos creusés dans le rocher sur l'abrupt de la falaise, derrière le monument dédié à François Daleau. Ces structures semblent antérieures au Moyen Âge.

La fontaine aménagée au pied de la falaise, datée du 4e ou 5e siècle, est accompagnée de canalisations, de bassins de rétention taillés dans le rocher ou maçonnés, conservés dans la galerie souterraine qui s'enfonce sous la ville. Le rocher, à l'endroit où l'eau jaillit, est sculpté d'un fronton triangulaire recouvert par endroits d'un enduit rose, probablement le support de fresques ou de décorations. Au centre de l'ensemble, une niche vide est composée de deux colonnes supportant une voûte cintrée et moulurée.

Des travaux de voirie avant 1835, puis en 1893, vers 1960 et vers 1982-1984, ont dégagé dans la partie sud-est de la place de la Halle un sol de mortier et des fragments de colonnes d'une construction. Une nécropole du haut Moyen Âge s’étend également sur l’ensemble de la place. Plusieurs sépultures ont été retrouvées (caisson en pierre, inhumation en pleine terre avec des orientations variées, vases funéraires, monnaies, etc).

L'histoire de la villa des Gogues et la mention de Burgus par Sidoine Apollinaire au 5e siècle posent encore question. S'agit-il de deux sites distincts ou bien d'un seul et même emplacement ? Le tracé du rempart de la ville, dans son état antérieur au 13e siècle, pourrait coïncider avec les lignes de fortifications du Bas-Empire.

Au Moyen Âge

La présence de constructions s'est perpétuée depuis l'Antiquité dans l'enceinte fortifiée décrite par Sidoine Apollinaire au 5e siècle. La tradition fait remonter à Charlemagne et à Louis le Pieux la fondation d'une abbaye dédiée à saint Vincent dans l'enceinte du castrum. Le culte de Vincent de Saragosse est ancien, diffusé durant le haut Moyen Âge par l'évêque de Bordeaux, Léonce II. Une église avec une crypte est construite probablement dès cette époque. En dépit d'indices d'occupation du site antérieures au 12e siècle, la fondation de l'abbaye Saint-Vincent de Bourg, placée sous la règle de saint Augustin, n'est pas attestée avant 1124 ; il s'agit probablement d'une reconstruction ou d'une restructuration. Outre cet édifice, l'église Saint-Giron avec son cimetière occupait déjà un emplacement proche, correspondant à une partie de la place actuelle.

Fortifiée dès l'Antiquité, la ville de Bourg présente des murailles qui ont été remaniées à plusieurs époques. Une extension est probable dès le 12e ou 13e siècle, le long de la route de Bordeaux, au niveau de la porte orientale primitive de la ville. Cet agrandissement, de superficie modeste, semble avoir englobé des pôles religieux, économique et administratif nouveaux. A cette époque, Bourg est composé de deux entités : le bourg occidental d'origine antique avec le port primitif, sans doute devenu un bourg monastique autour de l'abbaye Saint-Vincent ; et le bourg oriental, plus récent, reconnu par l'obtention d'une charte communale en 1261, autour d'une communauté de marchands et de bourgeois. Les deux ensembles possédaient des fortifications distinctes ; seule une porte faisait la jonction entre les deux, la porte de la Barrière, aujourd'hui disparue. En 1287, le roi Edouard Ier autorise les habitants de Bourg à entourer la cité d'un rempart. Les évènements militaires de la fin du 13e siècle ruinèrent ces travaux. Une nouvelle campagne est entamée à partir de 1295 et se poursuit au 14e siècle.

La place forte a été confrontée à de nombreux conflits du 14e au 17e siècle. A partir du 15e siècle, les fortifications d'Édouard III sont vétustes et insuffisantes. Plusieurs remaniements sont nécessaires, notamment au niveau des portes de Blaye et de Saint-André.

Époque moderne

Les guerres de la Gabelle et de Religion donnent lieu à de vifs affrontements et la défense de Bourg est renforcée par le duc d’Épernon qui détient la place à partir de 1590. Il établit un dispositif bastionné englobant le château, l'abbaye Saint-Vincent et une tour polygonale d'origine antique au sud-ouest. Il se poursuit avec un mur en talus appuyé à la clôture médiévale. Côté nord, une courtine de 65 mètres de longueur relie les bastions nord-ouest et nord-est.

L'église abbatiale, bâtie sur un éperon rocheux sapé à la base par les courants, s'effondre dans la Gironde le 1er février 1595. Les chanoines aménagent alors une chapelle dans une tour de fortification mais sont dispersés dans la ville pour se loger. Ils transportent les cloches, les vases sacrés, les ornements et les fonts baptismaux dans l'église de Saint-Giron.

Au début du 17e siècle est établie une communauté d'Ursulines à l'initiative du cardinal archevêque de Bordeaux François de Sourdis. En 1627 s'installe un collège de Récollets. Quant aux chanoines, ils s'installent finalement dans de nouveaux bâtiments près du port.

Alors que les troubles se poursuivent au début du 17e siècle, Bourg accueille le 27 août 1650 le jeune Louis XIV et sa cour. La reine mère et le roi s’installent au château et les cérémonies officielles se déroulent dans la grande salle. Le traité mettant fin à la Fronde y est signé le 28 septembre 1650, avant le départ de la cour une semaine plus tard. Cet épisode de paix n’est cependant que de courte durée. Les Espagnols, rendus maîtres de la ville en janvier 1652, complètent les défenses urbaines de fossés et de levées de terre, dans la partie nord notamment. Le siège et la reprise de la place en juillet 1653 entraînent de nouvelles destructions. Mazarin souhaite raser l'ensemble des fortifications mais la citadelle est dans un premier temps épargnée. Elle est finalement démantelée à partir de septembre 1663, au moment même où de nouvelles campagnes d’envergure sont envisagées à celle de Blaye.

La citadelle laisse place au début du 18e siècle à une "chartreuse" construite par Denis de Saint-Savin, conseiller au parlement de Bordeaux. Trois chanoines se partagent encore les revenus de l'abbaye à cette époque, puis la communauté est dissoute dans la seconde moitié du 18e siècle. La prospérité, liée à l'activité du port et aux domaines viticoles, appartenant à de grandes familles nobles ou bourgeoises, favorise la construction de nombreuses maisons aux façades soignées (ornements sculptés, ferronneries). D'importants travaux sont réalisés à l'hôtel de la Jurade. Les murailles de la ville sont maintenues jusqu'à la fin du 18e siècle. En 1790, la suppression des ordres monastiques entraîne la dissolution des principales communautés religieuses installées à Bourg.

Le 19e siècle

Au 19e siècle, plusieurs destructions sont opérées : la porte de Saint-André (1821), une partie de la porte de Blaye, le mur nord de l'enceinte, etc. L'église Saint-Giron, dont le clocher avait été dressé au 18e siècle, est détruite en 1822. L'église voisine des Récollets est alors affectée au culte paroissial et d'importants travaux y sont réalisés en 1821-1822. Le 6 juin 1827, par ordonnance royale, la ville rachète à l'Etat l'ensemble des murs et fossés, qui sont en grande partie détruits en 1828. Des chantiers d'ampleur sont menés dans ces mêmes années pour améliorer les chemins et les routes. Un plan d'alignement est arrêté par le conseil municipal le 8 avril 1843, approuvé par préfet en 1850 (AD Gironde, 2 O 878).

Plusieurs édifices, bâtis dans la seconde moitié du 19e siècle, concourent au développement de l'agglomération : une nouvelle église est construite en 1854-1856, une halle en 1867, un groupe scolaire en 1879-1881 et la gare est mise en service en 1889. La nouvelle mairie est inaugurée en 1932.

Le 20e siècle

Bourg est occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale ; la citadelle est notamment convertie en dépôt pétrolier. Le 26 août 1944, les Allemands quittent la ville : les réservoirs souterrains sont en partie détruits et le château de la citadelle est incendié.

Les édifices de la ville intra-muros n'ont pas fait l'objet d'une étude dans le cadre de l'opération d'inventaire consacrée aux rives de l'estuaire de la Gironde. 27 dossiers documentaires ont toutefois été ouverts (consultables sur demande).

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : Temps modernes

Principale : 20e siècle

La ville de Bourg est établie sur un promontoire rocheux dominant la Dordogne. L'organisation du bâti au sein d'une enceinte depuis au moins le Moyen Âge est encore bien lisible. La ville est aujourd'hui délimitée au nord par la route reliant Saint-André-de-Cubzac à Blaye, à l'emplacement des anciens fossés. Deux parties se distinguent : la ville haute sur le rocher et la ville basse qui s'est développée en bord de Dordogne, autour du port.

Les constructions situées hors de l'enceinte correspondent essentiellement à des bâtiments publics de la fin du 19e siècle (groupe scolaire, gare) et du 20e siècle (foyer rural).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Bourg

Cadastre: 1825 A1, 2018 AB

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