Pont canal d'Agen

France > Nouvelle-Aquitaine > Lot-et-Garonne > Agen

Le canal qui coule en rive droite de la Garonne jusqu’à Agen continu son parcours en rive gauche grâce au pont canal d’Agen qui enjambe le fleuve. Jean-Baptiste de Baudre, son concepteur, ingénieur des Ponts et Chaussées, a justifié ce choix du tracé dans son avant-projet du 22 mars 1831. Rester en rive droite de la Garonne au-delà d’Agen supposait de régler plusieurs difficultés en raison de la topographie. Il conclut que le "canal y est à peu près inexécutable". À partir de ce constat, la poursuite du tracé du canal latéral à Agen ne pouvait se faire que par pont canal. "Le choix de l’emplacement de ce pont était naturellement déterminé au point où le pied du coteau de la rive droite se rapproche le plus de la Garonne, afin de resserrer le moins possible le lit d’inondation sur cette rive, et de n’avoir pas une grande longueur de canal en levée aux approches du pont". Le point le plus haut est situé sur la rive droite et, à partir du pont-canal, plusieurs écluses permettent de retrouver le niveau de la plaine inondable sur la rive gauche. De Baudre, pour se prémunir des inondations, a prévu des "arches de secours" à construire sur les rives de la Garonne afin de ne pas bloquer l’écoulement des eaux lors des crues. Ainsi, entre 1839 et janvier 1847, a été construit le plus grand pont canal en maçonnerie de pierre de France.

C’est l’ingénieur en chef Jean-Gratien de Job qui assure le suivi du chantier. En 1839 et 1840 il est secondé par l’aspirant ingénieur Jacques Edmée Maniel, de 1841 à 1845 par l’ingénieur Jean-Baptiste Louis Couturier. Ce dernier succède à Job comme ingénieur en chef en 1846.

Les fondations du pont canal sont commencées en 1839 et le 25 août le duc d’Orléans, prince héritier, en pose la première pierre (voir IM47003673) lors d’une cérémonie accompagnée de grandes festivités. L’adjudication des travaux du pont canal et des ouvrages aux abords a lieu le 16 décembre 1839. Parmi les cinq soumissionnaires, ce sont les architectes civils de Paris François-Noël Mellet et Charles-Joseph Henry qui emportent l’appel d’offres. L’adjudication est approuvée par le ministre des travaux publics le 27 février 1840. Un arrêté préfectoral du 25 mai 1841 autorise les ingénieurs du canal "à établir [sur la Garonne] un Pont de service, où seront ménagées deux travées mobiles afin de livrer passage aux bateaux". En février 1841, une culée et 15 piles sont édifiées, en janvier 1842 les deux culées, les piles et la première arche sont achevées. La dernière pierre de la dernière arche à terminer est posée en octobre 1843. De cette date à 1847 sont construites la cuvette, la corniche et les banquettes.

Pour mener à bien un tel ouvrage, a été édifié une enceinte de bois sur 12 hectares (8 à Agen et 4 au Passage). Elle protégeait le chantier et une partie des installations nécessaires à la construction. Le certificat de réception définitive des "Terrassements et ouvrages d’art du Pont-Canal d’Agen et de ses abords" est signé le 14 janvier 1847 par l’ingénieur ordinaire Jean-Louis Protche et contresigné le 15 par l’ingénieur faisant fonction d’ingénieur en chef, Couturier.

Un repère de nivellement du réseau Bourdalouë (1857-1864) fixé à l’amont, en rive gauche porte sa plaque altitudinale (53,336). Toujours côté amont du pont, mais en rive droite, les chiffres 51-69 sont gravés dans la pierre : est-ce une indication de l’altitude, qui serait erronée, avant le développement du réseau Bourdalouë ? Un repère de nivellement du bassin de la Garonne (vers 1858-1860) apposé à l’amont, en rive droite, a perdu sa plaque altitudinale.

Divers travaux sont entrepris dans la seconde moitié du 19e siècle. En 1969, les piles de terre 15 et 16, en rive gauche de la Garonne, deviennent des piles en rivière du fait de l’élargissement du lit du fleuve afin de lutter plus efficacement contre les risques d’inondations d’Agen et du Passage. Dans les années 1980 et 1990 divers travaux d’étanchéité sont réalisés. En 1991 les fondations de la pile 15 sont consolidées, en 1995 des travaux de consolidation et d’étanchéité sont exécutés sur les piles 9 à 12 et 14 à 16. En 2003 des fissures dans la cuvette sont comblées, en 2009 d’autres travaux d’étanchéité sont effectués sur les perrés et la cuvette, à l’amont.

Pour régler les problèmes persistants en dépit des divers travaux effectués, après des études préliminaires (2012), est lancé un grand chantier (2013-2016), réalisé essentiellement pendant les périodes de chômage du canal.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle

Auteurs Auteur : Baudre Jean-Baptiste de, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Job Jean-Gratien de, ingénieur des Ponts et Chaussée (attribution par source)
Auteur : Maniel Vincent Joseph Jacques, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Couturier Jean-Baptiste Louis

Ingénieur des Ponts et Chaussées, travaille sur la construction du canal de Garonne. Devient ingénieur en chef en 1846.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Mellet François-Noël

Entrepreneur de la construction du pont canal à Agen, associé à Charles-Joseph Henry (n° 15 rue de la Victoire à Paris).

, entrepreneur (attribution par source)

Le pont a une longueur de 579 mètres entre les extrémités amont et aval du parapet. Sa hauteur est de 10,65 mètres au-dessus de l’étiage. Il a une largeur de 12,70 mètres, dont 2,10 mètres pour chacune des banquettes. La cuvette a une largeur au miroir de 8,28 mètres et au plafond de 7,38 mètres, pour une profondeur de 2,20 mètres. La profondeur initiale de 2,40 mètres a été réduite suite à la réfection de l’étanchéité et à la mise en place d’une dalle de protection en béton armé sur le fond de la cuvette. Les parois et le fond de la cuvette sont en brique. Pour étancher cette cuvette, avaient été employés un bitume en provenance de Seyssel et de l’asphalte des minières de Dax, remplacés en 2013 par une couche de mortier et une résine. La charpente de protection de la cuvette avait laissé place à une lisse de guidage en bois qui a été renouvelée pendant les derniers travaux.

Le tablier du pont repose sur 23 arches en anse de panier soutenues par les deux culées et 22 piles bâties sur un banc de tuf incliné de la rive gauche de la Garonne vers la rive droite. L’ouverture des arches est de 20 mètres. Les fondations et les bases des piles édifiées en Garonne et sur sa rive droite ont généré d’importants travaux. Les 22 piles sont stabilisées par un bec hémicylindrique, à l’amont et à l’aval, couvert d’un chaperon aplati à bandeau ; elles ont une épaisseur de 3,60 m.

Les banquettes étaient revêtues à l’origine d’un pavage en galets maçonnés qui avait disparu, remplacé par un revêtement bicouche (rive droite) et un enrobé noir (rive gauche) qui eux-mêmes ont laissé place lors des derniers travaux à un béton désactivé (calcaire concassé). Une reconstitution de l’ancien pavement n’a pas été adoptée car le pont-canal est très fréquenté et les galets pourraient s’avérer glissants par temps pluvieux. Sur le bord interne des banquettes, côté canal, des poignées en métal sont encastrées dans la pierre. Il y avait quatre poignées en rive droite, l’une d’entre elles manque. Il y en avait probablement quatre en rive gauche, seules deux subsistent. Une pierre porte les traces d’ancrage d’une poignée disparue, une autre pierre, abîmée, a également pu porter une quatrième poignée. D’une rive à l’autre, ces poignées sont disposées en quinconce. Ce dispositif de poignées en quinconce se retrouve au pont canal de Briare. Au pont canal de Cacor (82 Moissac), sept anneaux sont fixés sur la banquette de la rive gauche, dont la fonction est énigmatique. Il paraîtrait surprenant qu’ils aient été mis en place pour un amarrage puisque les ponts canaux sont étroits et permettent la circulation d’un seul bateau. A moins qu'il s'agisse d'un système pour amarrer ponctuellement un bateau en difficulté.

Le halage se pratiquait sur la rive droite, les éléments de protection en fonte, qui portent les marques d’usure par les cordes, sont conservés à l’amont et à l’aval de la cuvette.

Le garde-corps prévu à l’origine en métal laisse place à un parapet en maçonnerie de pierre de taille. Il mesure 0,90 m de haut et 0,40 m de large et il est formé de deux rangs de grandes pierres de taille : 0,45 m de haut et jusqu’à plus de 2 m de long. Ce parapet est en encorbellement et prend appui sur une frise d’arceaux constitués de trois consoles en quart-de-rond à ressauts. Ainsi, le canal et son emprise sont élargis, la hauteur des écoinçons est réduite et les profils présentent un décor qui agrémente et rythme l’ouvrage. Le parement de la frise d’arceaux n’est pas appareillé de la même façon côté amont et côté aval. Celui de la rive droite est semblable à l’appareil mis en oeuvre pour l’arcature du pont canal de l’Avance. Le pont porte sur ses culées amont et aval les marques de diverses crues, celles de 1855, 1856, 1875, 1930, 1952. Ces six crues ont donné lieu à au moins onze marquages qui sont gravés dans la pierre, peint dans un cas ou indiqué, pour la crue de 1830, sur un repère en fonte fixé dans la pierre.

Les parements du pont et l’intrados des voûtes sont édifiés en pierre provenant des carrières du Lot-et-Garonne : celles du coteau de l’Ermitage (Bellevue et Tibet), de Vianne (Maréchal) de Sainte-Colombe-en-Bruilhois (Mengette), de Montagnac-sur-Auvignon (Rosières). Elles sont taillées à la boucharde ou à la pointe.

Le dispositif d’éclairage du pont mis en place en 1997 a été supprimé pour être remplacé en 2016 par un nouveau dispositif qui n’empiète pas sur les banquettes.

Quatre escaliers droits à trois volées sont accolés à l’amont et à l’aval des murs en retour. Ils donnent accès aux berges de la Garonne.

L’extrémité du bief s’élargit à l’aval immédiat du pont canal pour former un bassin d’attente d’autant plus utile qu’une écluse lui fait suite. Il est à noter que du côté de la rive droite, une des pierres porte le point kilométrique 109, calculé depuis l’Embouchure à Toulouse (84/109 : inscription gravée dans deux cercles, à l’identique des marques figurant sur les bornes kilométriques –voir IM47003680).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
Couvrements
  1. voûte en berceau en anse-de-panier
État de conservation
  1. restauré

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Lot-et-Garonne , Agen

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2022 A5, B2, BI, BO (non cadastré ; domaine public)

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...