Village de l'Île Sans Pain dit Château Lafonta

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Blaye

Une exploitation agricole, comprenant une maison et sa dépendance, est figurée sur le plan cadastral de 1832 au sud-ouest de l'île. L'implantation actuelle, à l'est, est due à Lucien La Fonta, issue d'une famille de négociants bordelais, qui achète l'île en 1866. Dès les années 1870, il fait établir une véritable colonie agricole comprenant divers logis et dépendances, entre 1872 et 1876 selon les matrices cadastrales ; le puits artésien alimentant le village en eau est mentionné en 1878 dans l'ouvrage d’Édouard Féret sur la statistique générale de la Gironde. Les matrices enregistrent encore une construction nouvelle en 1882. L'abondance de la production dans ces terres de palus, lors de la vendange de 1889 par exemple, nécessite une main d'œuvre importante et de disposer de plusieurs vastes locaux de vinifications et de conservation. L'édition de Bordeaux et ses vins de 1893 mentionne que le domaine produit alors 900 tonneaux, soit la production la plus importante des îles de l'estuaire. En 1894, un charpentier de Blaye, dénommé Ménard, est ainsi occupé à monter des cuves dans les chais de l'île Nouvelle. En dépit de l'absence de demeure cossue pour recevoir le maître, le domaine est appelé "Château Lafonta".

Un plan de 1905, réalisé à l'occasion de la demande formulée par la veuve La Fonta pour la reconstruction du "peyrat", montre cependant un ensemble encore peu construit. Si ce plan est exact, l'édification de nouveaux bâtiments agricoles, visibles sur des photos aériennes dans l'entre-deux-guerres, serait donc à dater du premier quart du 20e siècle. L'examen du bâti semble révéler au moins deux campagnes de constructions distinctes, mais la datation précise de chaque bâtiment n'a pas pu être effectuée. De même que sur les autres îles de l'estuaire, un bâtiment est affecté à une école dédiée à l'instruction des enfants du personnel, assurée par des sœurs de la congrégation de Saint-Joseph de l'Union, présentes sur Nouvelle depuis 1891 ; l'inscription qui figure en façade donne à penser que ce bâtiment a été construit spécialement pour cette affectation, même si, comme pour l'île Boucheau, l'école ne devient publique que dans les années 1930.

Avec le déclin des vins de palus, le domaine est orienté vers d’autres productions, les céréales notamment. Un incendie détruit 6 bâtiments d'exploitation en 1955, dont un cuvier, des chais et des hangars. Le village progressivement déserté est laissé à l'abandon dans les années 1970. Avec le rachat de l'île par le Conservatoire du littoral en 1991, puis sa mise en gestion par le Département, de nouveaux enjeux liés à la protection des espaces naturels et à la valorisation touristique se font jour. Les bâtiments d'exploitation ruinés sont détruits alors que des travaux de rénovation sont entrepris en 2013-2014.

Périodes

Principale : 2e moitié 19e siècle, 1er quart 21e siècle

Auteurs Personnalite : La Fonta Lucien

Propriétaire viticole, détenteur du Château Lagrange dans les palus de Saint-Loubès en 1874, créateur de la colonie viticole de l'Île Nouvelle dans la seconde moitié du 19e siècle.

, commanditaire (attribution par source)

Le village, isolé des terres basses environnantes par des digues de protection et des fossés, est établi près du rivage est, approximativement à mi-distance entre le nord et le sud de l'île. Depuis le débarcadère, un axe central dessert l'ensemble des bâtiments organisés de part et d'autre. Les constructions qui subsistent aujourd'hui se composent de 2 maisons doubles, pour le régisseur et le maître de chai, de logements destinés aux ouvriers agricoles, d'un bâtiment ayant abrité l'école et de 2 cuviers. L'ensemble, d'une architecture simple mais soignée, est conforme aux principes de rationalité mis en œuvre pour les constructions viticoles du Bordelais à cette époque.

Les maisons doubles se démarquent par la présence d'un étage et par leur façade symétrique sous pignon. Leurs élévations sont soulignées par des encadrements saillants, par des chaînages, harpes et bandeaux.

Les logements d'ouvriers se composent de deux corps de bâtiment rectangulaires identiques du côté nord, encadrant un cuvier. Ces logements comprennent 4 logis juxtaposés en rez-de-chaussée et comble à surcroît, à façade sous mur gouttereau. Le cuvier est, pour sa part, formé d'un long vaisseau ouvrant par une haute porte charretière sur l'élévation latérale est, et, en façade, dans un avant-corps par une large baie de décharge à l'étage ; son plancher a été supprimé et les 3 autres vaisseaux qui le complétaient sur l'arrière ont disparu. L'ensemble logements et cuvier présente des éléments décoratifs identiques, notamment des oculus de brique et des bois découpés de l'avant-toit.

En vis à vis de ce cuvier, un second cuvier forme un grand bâtiment rectangulaire à étage, organisé perpendiculairement à la voirie. Avec ses jours rectangulaires et surtout son mur écran de façade, il présente une facture différente des autres constructions. Par ses chaînages à bossage et son décor de crossettes, il paraît se rapprocher de la dernière construction de cet alignement, l'école, bâtiment de 5 travées en rez-de-chaussée.

Tous les bâtiments sont construits en moellon de calcaire enduit. Les toitures sont à tuiles creuses et tuiles mécaniques.

L'ancien puits artésien, situé entre les maisons doubles et le second cuvier, a conservé son bassin circulaire.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse, tuile mécanique
Étages

rez-de-chaussée, 1 étage carré, comble à surcroît

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Île Nouvelle

Cadastre: 1832 A2, 2013 AZ

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