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Maisons, fermes: l'habitat à Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet
Historique
Parmi l'habitat et les bâtiments domestiques (fermes, dépendances...), on relève un nombre importants de constructions qui comprennent au moins un élément antérieur à la Révolution (une ouverture en plein cintre ou à encadrement chanfreiné, une cheminée, etc). Cela concerne en effet un quart des constructions étudiées dans le cadre de l'enquête. La quasi totalité remonte au 18e siècle, voire au 17e. On relève des traces probables du 16e siècle ou du début du 17e en trois endroits (Chez-Couraud, Chez-Bouron et dans le bourg de Chenac). La datation de ces éléments n'est que rarement permise par une date inscrite. Quatre, remontant aux années 1750-1770, ont pu être relevées, au Petit Chenac, au Vieux Bourg, au Grand Village et à Conchemarche (les huit autres remontent pour l'essentiel à la fin du 19e siècle).
Le nombre de constructions nouvelles et de reconstructions augmente très nettement à partir du milieu du 19e siècle, sous le double effet de l'essor viticole de la région et du développement de l'activité des ports de Saint-Seurin et des Monards. Du reste, plus des deux tiers des maisons et anciennes fermes aujourd'hui visibles à Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet ont été édifiées dans la seconde moitié du 19e siècle et, pour la moitié d'entre elles, dans les années 1850-1870. Durant cette courte époque de prospérité, l'enrichissement de beaucoup d'exploitants viticoles les pousse à remplacer leurs anciennes habitations, petites et vétustes, par de nouvelles, plus grandes et plus confortables. Les plus riches, et ceux qui parviennent à se sortir mieux que d'autres de la crise du phylloxéra, vont jusqu'à se faire construire une véritable maison de maître, aux allures de demeure bourgeoise. Ce type de construction reste toutefois rare et n'est le fait que des plus fortunés, par exemple la famille Curaudeau, 50 rue du Caviar, ou bien la famille Jousset au Pinier ou encore la famille Vion à la Girauderie.
Pour le reste, la ruine du secteur viticole à la fin du 19e siècle, et l'insuffisance économique des ports de Saint-Seurin et des Monards face à la concurrence d'autres ports comme Mortagne et du chemin de fer, se traduisent par une chute du nombre de constructions nouvelles dans la première moitié du 20e siècle : six maisons et logis de fermes seulement remontant à cette époque ont été relevés. Trois d'entre eux (Chez-Couraud, à la Gabetterie et 23 rue du Caviar) présentent les caractéristiques de l'architecture dite de villégiature, celle des villas de bord de mer.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : Temps modernes Principale : 19e siècle Principale : 1ère moitié 20e siècle |
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Description
En dehors des éléments remarquables du patrimoine, l'inventaire a porté sur 181 maisons et fermes ou anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible.
Des habitations éparpillées et construites en hauteur
Née de la fusion de deux communes, Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet se distingue par l'existence de deux bourgs de taille égale (27 maisons ou logis de fermes relevés à Chenac, 24 à Saint-Seurin-d'Uzet). Tous deux représentent un tiers des constructions inventoriées. Ils regroupent les lieux de culte, de pouvoir, d'enseignement et de commerce. Le caractère résidentiel, non agricole, de ces deux bourgs est clairement affirmé : on ne compte dans le bourg de Chenac que trois fermes ou anciennes fermes et huit maisons rurales (des maisons qui disposent de petites dépendances agricoles, par exemple des toits à volailles ou à porcs, un chai) ; on relève seulement deux maisons rurales dans le bourg de Saint-Seurin-d'Uzet.
Près des deux tiers des habitations sont éparpillés dans les très nombreux hameaux qui parsèment le territoire de la commune (au début du 19e siècle, on en comptait 45 à Chenac et 22 à Saint-Seurin-d'uzet). Parmi eux, l'Echailler est le plus important. Les autres hameaux ne regroupent qu'à peine une dizaine d'habitations, avec bien souvent un élément (cour, puits) à l'usage commun des riverains. Ces regroupements sont peu denses : la très grande majorité des maisons sont indépendantes, c'est-à-dire séparées de leurs voisines, disposant d'une cour et/ou d'un jardin, voire de petites dépendances. On note aussi un nombre important d'habitations isolées (23 au total).
En bourg, en hameaux ou isolées, ces constructions sont presque toutes situées sur les hauteurs viticoles et céréalières. Les habitations en bas des coteaux, en bordure des marais, sont rares. On en trouve à Barabe, au bord du vallon du Juliat et de celui de la Combe. Entre la Toinette et le Vieux-Bourg, les maisons et les anciennes fermes s'alignent le long de la route qui longe la corniche et que des sentiers relient aux marais en contrebas.
De l'habitat saintongeais traditionnel aux maisons de maître
La grande majorité des maisons et des logis de fermes, construites à l'époque de l'âge d'or viticole et portuaire de la région, présentent les caractéristiques de l'habitat saintongeais traditionnel, à l'époque très recherché et copié d'une construction à l'autre. La moitié comprennent un rez-de-chaussée surmonté d'un comble. Ce dernier était généralement occupé par un grenier mais, dans un tiers des cas, il pouvait être habitable, jusqu'à former parfois un demi étage : ses ouvertures s'élargissent alors et le plafond se fait un peu plus haut.
Sur la façade, la distinction entre le rez-de-chaussée et le comble est assez souvent marquée par un bandeau, généralement mouluré. On relève aussi une corniche au sommet d'une façade sur trois. La génoise (frise constituée d'au moins une rangée de tuiles canal juxtaposées) est toutefois plus fréquente, présente au sommet d'une façade sur deux. Autre caractéristique saintongeaise : la moitié des maisons et des logis de fermes possèdent un toit à croupes (pans inclinés sur les côtés). Près d'un sur d'eux ne présente toutefois qu'une seule croupe (sans doute pour des raisons de coût, ce type de toiture était plus onéreux qu'un simple toit à deux pans). La croupe est alors généralement placée sur le côté le plus visible depuis l'espace public. Enfin, on relève assez souvent au-dessus des toits des épis de faîtage, en terre cuite vernissée ou non, en forme de poire ou de pomme de pin.
L'enrichissement global de la population dans la seconde moitié du 19e siècle a toutefois permis bien souvent d'aller encore plus loin que ce schéma. Ainsi, près de la moitié des maisons et des logis de fermes relévés au cours de l'enquête possèdent un étage. Une seule maison en présente deux (50 rue du Caviar).
L'élévation du niveau de vie se traduit aussi par des logements plus grands et plus confortables, un phénomène que montre l'évolution du nombre de travées (alignements verticaux d'ouvertures) sur les façades (plus ce nombre est élevé, plus le logement à l'intérieur est grand). Avant la Révolution, les habitations ne présentaient généralement en façade qu'une, voire deux travées. Plus de la moitié de celles construites à partir du milieu du 19e siècle présentent trois et même quatre travées. Le nombre de façades à deux travées reste toutefois important (un quart du total), signe que l'enrichissement n'a pas concerné tout le monde. Rares sont les façades dont le nombre de travées est supérieur à cinq.
Les neuf maisons de maître relevées au cours de l'enquête sont la manifestation la plus évidente et la plus ostensible de la réussite économique de leurs commanditaires dans la seconde moitié du 19e siècle. Elles ont bien souvent remplacé un logement plus ancien et vétuste, avec la volonté de ressembler aux demeures bourgeoises, voire aux châteaux. Par exemple, à l'image du nouveau logis du Château Saint-Denis, les murs de trois de ces maisons sont revêtus de briques qui créent un jeu de couleurs avec la pierre de taille utilisée pour les encadrements des ouvertures et les chaînages d'angles. Ailleurs, la façade au moins est entièrement construite en pierre de taille. Ces maisons sont couvertes d'une haute toiture à croupes. Seules deux possèdent un toit en ardoise. Parmi elles, celle située au 50 rue du Caviar se distingue en plus par son toit à longs pans brisés et par son décor sculpté. En plus de son décor extérieur, le logis du Pinier possède un décor intérieur de qualité (boiseries, escalier central).
Les fermes et leurs dépendances
Le caractère viticole mais aussi portuaire de l'histoire de Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet n'est sans doute pas étranger au caractère très résidentiel de l'habitat : en effet, dans cette commune, les fermes et anciennes fermes ne sont pas majoritaires (78 au total), et la proportion des maisons (au nombre de 103) est bien plus importante qu'ailleurs. A côté des exploitations viticoles et agricoles, ces maisons étaient occupées par les ouvriers agricoles mais aussi par les artisans, les commerçants et les pêcheurs qui tiraient parti de la proximité de l'estuaire d'une part, des activités annexes à la production viticole d'autre part. Toutefois, près de la moitié des maisons sont des maisons rurales (possédant de petites dépendances agricoles).
Pour près de la moitié des fermes et anciennes fermes, les dépendances sont reliées au logis, l'ensemble formant une ferme à bâtiments jointifs, le plus souvent sans ordre particulier. Cette caractéristique, constatée dans les autres communes riveraines de l'estuaire et dans d'autres régions viticoles, est probablement liée à la volonté des exploitants de surveiller au mieux la récolte de vin en accolant ou en rapprochant le chai du logis. De ce fait, plus des deux tiers des dépendances des fermes et des maisons rurales sont placées en appentis à l'arrière du logis, avec des portes intérieures permettant de passer facilement de l'un à l'autre.
Parmi les dépendances, les chais sont les plus nombreux. On en trouve dans la moitié des fermes, anciennes fermes et maisons rurales. Un quart des exploitations possédaient par ailleurs une grange et une étable : après la crise du phylloxéra, bon nombre d'entre elles se sont en effet reconverties vers la polyculture. Seules trois anciennes distilleries ont pu être relevées, par exemple Chez-Faure. Enfin, parmi les dépendances et équipements des fermes, on relève de nombreux puits, à margelle ronde ou carrée, souvent en pierre de taille, et quelques boulins ou trous à pigeons, réunis par une mouluration.
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier collectif, communal |
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Référence du dossier |
IA17045062 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2012 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Maisons, fermes: l'habitat à Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/f18c2db9-989d-4187-aa6d-042c4de6b205 |
Titre courant |
Maisons, fermes : l'habitat à Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet |
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Dénomination |
maison ferme |