Chapelle Notre Dame du Platin ou chapelle des Aviateurs

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Palais-sur-Mer

Un lieu de culte au Platin

La création de la chapelle du Platin s'inscrit dans le cadre du développement de la nouvelle station balnéaire de Saint-Palais-sur-Mer autour de 1900. Il s'agit en effet de proposer un lieu de culte aux estivants, tout comme cela sera le cas peu après avec l'église du Bureau où l'ancienne église médiévale est vétuste et insuffisante.

L'initiative de la construction de la chapelle revient à un investisseur fortuné, industriel et élu parisien, Joseph Odelin. Membre éminent, dès 1896, de la Société des tramways de la Grande Côte qui développe le tramway à Saint-Palais-sur-Mer, c'est aussi un militant catholique très actif, en compagnie de son frère, vicaire général de Paris. L'idée lui vient alors, avec son épouse Hélène Lemans, d'établir un nouveau lieu de culte à Saint-Palais, dans le secteur du Platin, proche de la Grande Côte en plein développement touristique. Odelin obtient de l'évêque de La Rochelle-Saintes l'autorisation de construire la chapelle, vouée à Notre Dame et dont la bénédiction a lieu le 25 août 1904. Le petit oratoire se limite alors à une petite nef en pierre sans enduit, précédée d'un petit clocher-porche.

Ce premier oratoire, qui ne peut contenir qu'une vingtaine de personnes au maximum, est vite jugé trop petit. Dès 1908, la nef est agrandie en longueur vers l'ouest, par l'ajout d'une seconde travée, et en largeur par la construction de deux murs latéraux en brique, ce qui élargit d'autant la façade de part et d'autre du clocher-porche. La nouvelle chapelle est inaugurée le 25 septembre 1908 en présence de Mgr Augouard, évêque du Congo-Brazzaville, originaire de Poitiers.

De la chapelle du Platin à la chapelle des Aviateurs

Désireux de donner toujours plus d'aura à la chapelle, Joseph Odelin profite de l'engouement naissant à l'époque pour l'aviation, notamment après la traversée de la Manche par Louis Blérot en juillet 1909 : il fait en effet graver sept médailles à l'effigie de Notre Dame du Platin, qu'il envoie à Blériot pour lui, son épouse et leurs enfants, dans l'espoir de voir Blériot adopter la Vierge du Platin comme patronne et protectrice. Odelin enfonce le clou en organisant, en août 1910, un meeting aérien au cours duquel des plaquettes en or représentant Notre Dame du Platin sont distribuées aux aviateurs. Dès lors, Notre Dame du Platin, priée dans la chapelle, est considérée comme la protectrice des aviateurs "contre les éléments du ciel". Le succès spirituel devient vite un succès commercial avec la mise en vente de médailles en or et en argent portées notamment par de nombreux aviateurs, et de plaquettes en bronze doré fixées sur leurs avions. Une légende est même créée, mettant en scène des pêcheurs promettant d'élever une chapelle à la Vierge en remerciement de les avoir sauvés du naufrage, et des oiseaux tournoyant au-dessus d'eux.

En 1910 et 1911, effectuant des vols au-dessus de Royan, les aviateurs Gibert et Brindejonc de Moulinais ne manquent pas de venir survoler la chapelle, et l'évêque de La Rochelle-Saintes autorise officiellement la bénédiction des médailles distribuées. Une association, la Confrérie de Notre Dame du Platin, dirigée le plus souvent par le curé de Saint-Palais, est créée pour entretenir le culte. Le 1er juillet 1911, Joseph Odelin met la chapelle et le presbytère que la jouxte à la disposition de l'évêché pour qu'un service y soit rendu, notamment en été.

La Première Guerre mondiale, qui voit se dérouler les premiers combats aériens de l'Histoire, est l'occasion de faire de la chapelle un véritable lieu de pèlerinage en vue d'invoquer la protection de la Vierge sur les aviateurs. Le 8 septembre 1916, 4000 personnes assistent au premier pèlerinage au cours duquel la chapelle est pavoisée aux couleurs de la France et de ses alliés. Une procession a lieu sur la plage du Platin, et une bénédiction de la mer et des airs, associant ainsi pour la première fois marins et aviateurs, est prononcée. Le 8 septembre, jour de la Nativité de la Vierge, devient alors la date du pèlerinage annuel à Notre Dame du Platin.

Après 1920, un culte en déclin

Le développement du site et de son activité est freiné en 1919 par un contentieux entre l'abbé Chanal, curé de Saint-Palais, et M. Jouan, le bijoutier auquel Odelin avait confié la fabrication des médailles. Jouan exige en effet de bénéficier de l'exclusivité commerciale de l'appellation "Notre Dame du Platin", nom que l'abbé Chanal souhaite donner à un orphelinat et centre de vacances destiné aux enfants d'aviateurs, dont l'implantation est projetée au Platin. Dans le même temps, l'influence de la chapelle et de sa confrérie décline avec la proclamation par le pape, en 1920, de Notre-Dame de Lorette comme patronne des aviateurs, au détriment de Notre Dame du Platin. En 1927, après la mort d'Odelin, la chapelle du Platin fait l'objet d'une donation à l'association diocésaine.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le culte est interrompu, et la chapelle est endommagée par les bombardements d'avril 1945. Grâce à des indemnités de Dommages de guerre, la chapelle est restaurée en 1948 sous la conduite de l'architecte royannais Pierre Laurent. En 1954, suivant les plans de l'entreprise Soulard, de Saint-Palais, la chapelle est de nouveau agrandie vers l'ouest avec l'allongement de la nef (qui passe de deux à trois travées) et l'ajout d'une sacristie. Tout en ayant perdu de son lustre, le pèlerinage reprend jusqu'au début des années 1980. Délaissée, la chapelle est remise en état en 1994, avant de subir la tempête de décembre 1999, puis des actes de vandalisme en 2004. Une association, "les Amis de Notre Dame du Platin", est créée en 2005, et le pèlerinage est de nouveau organisé chaque premier dimanche de septembre.

Périodes

Principale : 1er quart 20e siècle

Dates

1904, daté par travaux historiques

1908, daté par travaux historiques

Auteurs Auteur : Soulard Sem et Raoul, frères

Entrepreneurs à Saint-Palais-sur-Mer, et constitués en SARL (Soulard et Cie) en 1931, les frères Sem et Raoul (1887-1958) Soulard ont réalisés à partir de 1921 des travaux publics, des commandes privées et des monuments funéraires dans la région de Royan.

, entrepreneur (attribution par source)

La chapelle, vouée à Notre Dame, est située à quelques encablures de la plage du Platin, au milieu d'un pré. Elle comprend un clocher-porche, à l'est, une nef de trois travées et une sacristie. Les murs de la nef et de la sacristie sont en brique, non enduite pour ce qui est des murs latéraux. Ils sont percés de baies en arc brisé, tout comme le clocher-porche. En pierre de taille, ce dernier comprend deux niveaux et est coiffé d'une flèche polygonale, flanquée de quatre clochetons.

La porte du clocher-porche est surmontée d'une statuette (représentant la Vierge ?) et encadrée par deux plaques en marbre gris. Celle de gauche a été érigée "à la mémoire de Lucien Rougerie, pilote aviateur, directeur des aérodromes Farman, 1er février 1912, 2 décembre 1929, inventeur du pilotage sans visibilité, 1928, qui vint se recueillir dans cette chapelle". La plaque de droite rappelle le "cinquantenaire de la Libération 1945-1995, In Mémoriam Félix-Marie de Kerimel de Kerveno, sergent pilote aviateur, croix de guerre, Mort pour la France le 14 avril 1945 à l'âge de 25 ans, ceux qui pieusement sont mort pour la patrie...".

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit partiel

  2. Matériau du gros oeuvre : brique

Toits
  1. tuile mécanique
Étages

en rez-de-chaussée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : flèche polygonale

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Palais-sur-Mer , 3 rue de la Chapelle

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: le Platin

Cadastre: 2009 AV 195

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