Présentation de la commune du Lardin-Saint-Lazare

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Le Lardin-Saint-Lazare

Les origines

Le territoire de la commune est occupé au cours de la préhistoire. Dominant le Cern au nord de Rispe, la grotte de Badegoule abrite le site éponyme du paléolithique supérieur (Badegoulien et Solutréen). Connue depuis le début du XIXe siècle, la grotte est fouillée par Lartet et Christy dans les années 1860 puis par le docteur Cheynier à partir des années 1930.

La voie antique Périgueux-Brive suivrait en partie la route D 6089, à flanc de coteau au sud de la commune. En 1827, les vestiges d'une villa antique et du mobilier, dont un denier de Gordien III (238-239 après J.-C.), sont mis au jour à la Boissière. A proximité, en 1835, sont également découverts deux sarcophages du haut Moyen Age. Il est possible que la Boissière fut un ancien chef-lieu de paroisse abritant l'"ecclesia de Boyscheyra" mentionnée dans les textes.

Le Moyen Âge

Lors de la période d’évangélisation du Périgord, entre le Ve et le XIIe siècle, le territoire actuel de la commune était partagé entre trois paroisses, relevant toutes de l'archiprêtré de Saint-Méard (Excideuil), ici présentées dans leur ordre d'importance supposée d'alors : celle de Bersac au sud-ouest, celle de Saint-Lazare à l'est et celle de Mellet au nord (voir Beauregard-de-Terrasson : IA24001455). La première, la paroisse de Bersac, est mentionnée à partir du XIIIe siècle (l’« Ecclesia de Bersas », pouillé), puis en 1382 ("Bersac") et en 1528 ("Bersacum"). La deuxième, Saint-Lazare, est un bénéfice ecclésiastique dépendant de l'abbaye de Saint-Amand-de-Coly en 1411. La troisième est attestée dans le dénombrement de 1365 (signalée comme paroisse de "Meleto") et dans la pancarte d’organisation des deux diocèses du Périgord en 1554 (avec l’ "Ecclesia de Melet"), qui reprend cependant l'organisation paroissiale d'avant 1317. Celle-ci dut péricliter assez rapidement, absorbée dans la paroisse de Bersac peut-être dès le Moyen Âge, puisqu'elle n'est plus mentionnée par la suite et n’est pas indiquée sur la carte de Belleyme, planche n° 16 levée en 1767.

Plusieurs lieux-dits sont attestés dans le territoire à la fin du Moyen Âge ou au début des Temps modernes - le "mansus de la Dotz" [Ladouch] (1461, 1528) ; "Podium de la Garda" (1461) ; "En Salvouzo" (1463) ; "territorium de la Peyra" (1466) ; "molendin. Vigeyral" (1494) - et deux seigneuries : le "Peyrals" ou "Castrum de Peyralibus" ou "Peyraulx" (1411, 1486, 1696), isolé dans la campagne au nord-est de la paroisse de Bersac ; le repaire noble de La Salle, situé dans le bourg même de Saint-Lazare. Ces deux fiefs situés dans les paroisses de Bersac et de Saint-Lazare, sont mouvants de la châtellenie d'Ans, vicomté de Limoges.

Les Temps modernes

Après la guerre de Cent ans et avec la reprise économique et démographique qui suivit, le hameau de Beauregard, situé dans le ressort de la paroisse de Bersac, commence à prendre de l’importance au point de devenir un véritable bourg, développé autour d'une chapelle fondée en 1309 par le vicomte de Limoges, Jean III de Bretagne, et parfois déjà confondu dans les textes avec le chef-lieu de paroisse. Ainsi, le 10 mai 1487, Alain d'Albret, vicomte de Limoges et comte de Périgord, qui recherche des liquidités pour le couronnement et les mariages de ses deux fils, vend à Jean d'Aubusson, seigneur de Villac, les "paroisses et bourg de Beauregard, de Saint-Lazar et de Perignac [Peyrignac]" ; d'autres lettres confirment l'aliénation des "paroisses de Bersac et Saint-Lazar et lieu de Beauregard" au seigneur de Villac pour le prix de 1500 livres tournois le 13 octobre 1495. Mais peu après, dès 1500 (8 octobre) et 1501 (5 août), le comte de Périgord rachète "[l]esdites paroisses". En 1502, dans un mémoire rédigés par les officiers de celui-ci portant sur l'état de ses vicomté de Limoges et comté de Périgord, la paroisse est ainsi décrite : "Dans la parroisse de Bersac, dans les fins [limites] de laquelle est le lieu de Beauregard, dans laquelle parroisse a IIIIxx et unze feux ou beliges dont la plus grande partie sans heritages, et les autres pauvrement herités [...]". A cette date, on prend donc soin d'indiquer la présence du "lieu" de Beauregard à Bersac, qui compte alors 91 feux, soit environ 450 habitants. Plus loin, le texte du mémoire précise : "Dans les fins d’icelle, les seigneurs de Peyraulx, de Muratel, de Vilhac, de Merbec [sic pour Mellet ?], de La Salle, de la Cassanhe [i.e., La Cassagne], Mesmy, Monfreliou, de Momege [i.e., Montmège], de la Marche, l’abbé de la Chastres, le commendeur de Condat, le curé de Bersac, le seigneur du lieu Jehan Lambert et les heritiers de feu Jehan Papoisat, chacun […] tiennent en fondalité plusieurs heritages villages, maison, etc., et la plus part audit lieu de Beauregard ; par raison de quoy, levent tous ensemble 50 charges de froment, 20 charges de segle, 18 charges d’avoine, 45 livres tournois de rente, 60 gellines, etc."

A la fin du XVIe siècle, Henri de Navarre, futur Henri IV, comte de Périgord et vicomte de Limoges, considérablement endetté par les guerres, dépossède progressivement plusieurs châtellenies de son domaine de leurs prérogatives en vendant à des gentilshommes du voisinage de nouveaux droits. C'est ainsi que Guy de Badefols, seigneur de Peyraux, acquiert la justice haute, moyenne et basse de la paroisse de Bersac (dans le territoire de laquelle se trouve alors le château de Peyraux), détachée de la châtellenie d'Ans, par acte passé à Périgueux le 8 août 1600 ; cet acte fait ainsi de Peyraux le siège d'une seigneurie haut-justicière, la plus éminente du territoire, éclipsant toutes les autres.

Au XVIIe siècle, la "chapelle de Beauregard" est devenue une église, annexe de l'église paroissiale de Bersac. Ce n'est toutefois qu'au siècle suivant, entre 1733 (AD Dordogne, B 1487, mention) et 1758 (AD Dordogne, B 1324, mention), que l'essor du bourg de Beauregard devient tel que les rôles doivent être inversés : l'église de Beauregard, simple annexe de celle de Bersac, est érigée en église paroissiale (l’église actuelle ; cf. IA24001459) au détriment de celle-ci, qui devient son annexe. Par voie de conséquence, le bourg de Beauregard devient chef-lieu. C'est la situation que figure la planche n° 16 de la carte de Belleyme levée en 1767, où l’église et le bourg de Beauregard sont au centre d’un territoire étendu comprenant l’ancienne paroisse de Bersac (et le bourg de Bersac avec son église indiqué comme "annexe"). Le plan de Ferry de 1696 mentionne le moulin de la Salle, situé sur la Vézère, rive droite, légèrement en amont de Brardville. Déjà en ruine à cette époque, il n'apparait pas sur la carte de Belleyme, et le cadastre ancien ne laisse deviner aucun aménagement. Le moulin était probablement une dépendance du château du même nom (cf. IA24001429).

Les dénombrements connus des feux des paroisses de Bersac et de Saint-Lazare datent de la fin du XVIIe siècle. Bersac en compte 200 et Saint-Lazare 72 en 1692, soit entre 1 000 et 1 500 habitants au total pour les deux paroisses. La carte de Belleyme (1767), incomplète pour cette partie haute de la vallée de la Vézère en Dordogne, figure également une très importante zone viticole autour du "Puy de Bur" (actuel Peuch), de la "Combe Ségéral" et du Poujelou ("Peyraux"). La carte de Belleyme n'est pas le seul témoin de ce passé viticole et de nombreux textes mentionnent la présence de vignes. A ces témoignages graphiques et textuels s'ajoutent nombre de fermes et maisons de la commune, certaines remontant au début de la période moderne, qui conservent des chais ou des cuviers en niveau de soubassement.

L'époque contemporaine

Créée en 1790 sur les limites de l'ancienne paroisse, la commune de Bersac est rattachée en 1793 à Beauregard, commune qui prend parfois encore le nom de "Bersac-Beauregard" (Gourgues 1873, p. 148). Le cadastre ancien établi en 1825 et surtout la carte d'état-major dressée un peu plus tard témoignent à leur tour, mais de manière plus précise, de l'importance de la viticulture dans cette partie haute de la vallée de la Vézère : les coteaux exposés en contrebas de Combe Ségéral, de Peyraux ou de Pechauguy étaient alors couverts de vignes. La grave crise du phylloxéra les a ravagées, là comme ailleurs dans la vallée, au cours de la seconde moitié du siècle.

Le XIXe siècle est aussi marqué pour la commune par la création de la ligne Périgueux-Brive (1860) qui traverse son territoire au sud ; au Lardin s'opère aussi l'une des jonctions avec la ligne Nontron-Sarlat, créée plus tard dans le siècle (1899).

En dépit d'une courte baisse au cours de la période révolutionnaire, la population ne cesse de croitre jusqu'en 1906, maintenue par l'activité industrielle (houillère et verrerie). A cette date, les communes de Bersac et de Saint-Lazare comptent 1 302 habitants. L'implantation de l'usine d'extraits tannants "Gillet et fils", puis la diversification de ses activités (cellulose puis papier), va provoquer l'essor du Lardin au dépend des anciens chefs-lieux. Ainsi la population de Saint-Lazare stagne autour de 470 habitants peu avant la fusion de 1967, tandis que le nombre d'habitants de l'entité communal ne cesse de croître. Il est de 1 761 en 1968, dépasse les 2 000 au début des années 1980 et se maintient depuis autour de ce chiffre.

Après tractations, Bersac est séparée définitivement de Beauregard le 2 avril 1906 et redevient une commune à part entière. Avec le développement urbain engendré par l'essor des papeteries à proximité du Lardin, ce nom, simple lieu-dit à l'origine où s'était implanté la verrerie de Cyprien Brard (cf. IA24001411), remplace celui de Bersac le 2 février 1922. Quant au lieu-dit, il prend le nom de Brardville par ordonnance royale dès 1839, en hommage à l'industriel décédé l'année précédente. Le 1er mai 1967, les communes de Saint-Lazare et du Lardin fusionnent pour former celle du Lardin-Saint-Lazare.

La commune du Lardin-Saint-Lazare est située au centre du canton de Terrasson-la-Villedieu. Son territoire, composé du chef-lieu communal, des chefs-lieux des anciennes paroisses de Saint-Lazare et de Bersac, ainsi que de près d'une trentaine de lieux-dits, s'étend sur 1 085 hectares. Deux méandres de la Vézère limitent la commune au sud-est. Le Cern et l'Elle, affluents de la Vézère, traverse le territoire au sud-ouest pour l'un, et borde une partie de la commune au nord-est pour l'autre. L'altitude maximum est de 244 mètres au sommet de la colline du "Poujelou" et de 79 mètres au minimum en fond de vallée, au sud de la papeterie de Condat. Le Cern marque une transition géologique avec, à l'est du ruisseau, les marges du bassin de Brive caractérisées par des dépressions de grès et des buttes calcaire et, à l'ouest, les causses périgourdins aux formes lourdes, formés par les calcaires durs du jurassique. La commune est traversée au sud par la ligne de chemin de fer Périgueux-Brive.

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