Maison dite maison Mage

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Selon l´abbé Courteau et Maurice Dayras (1922), cette maison daterait du dernier quart du 15e siècle et serait l´une des plus anciennes de la ville. Les nombreux remaniements survenus à des époques ultérieures rendent toutefois difficile l´appréhension de son aspect initial. Il semblerait qu´à l´origine, d´après la vue cavalière de la ville réalisée avant 1685, cet édifice n´ait été environné d´aucune autre construction, si ce n´est la maison des Vallenet voisine (voir notice IA23000470). Il était alors directement accessible depuis le centre d´Aubusson. Si l´on se fie à ce document iconographique, la partie la plus ancienne de la maison serait le corps de logis sud, donnant aujourd’hui sur le jardin, mais qui à l´époque, ouvrait sur la rue du Château (actuelle rue Chateaufavier), l´une des artères principales de la cité, située dans le prolongement du pont des Récollets (avant que ce dernier ne soit reconstruit plus en amont sur la Creuse en 1848). Ce corps de logis primitif était alors probablement desservi par la tour d´escalier située dans l´angle nord-ouest (aujourd’hui totalement remaniée). La tour latérale accolée à l´angle sud-est de la maison paraît, quant à elle, être quelque peu postérieure et dater du 16e siècle, par analogie avec celle de la maison des Vallenet. Par la suite, sans doute au 17e siècle, la maison fut agrandie d´un corps de logis nord, réuni au précédent par une nouvelle tour d´escalier édifiée au nord-est. Le corps de logis sud fut également remanié à cette époque avec, sans doute, une complète restructuration intérieure (présence de boiseries de style Louis XIV très similaires à celles de l´abbaye du Moutier d´Ahun dans une pièce du rez-de-chaussée). L´ensemble de la maison fut considérablement repris durant la seconde moitié du 19e siècle, avec la démolition d´une partie ouest (encore visible sur le cadastre napoléonien), le percement d´ouvertures et le placage d´une nouvelle façade au nord, du fait de l´importance prise par la Grande Rue et la place de la Libération dans la vie commerçante d´Aubusson. La maison Mage se trouva ainsi englobée dans les immeubles postérieurs venus la masquer du côté de la rue Franche et de la place de la Libération. Elle fut également divisée en appartements et sans doute sa tour d´escalier nord-est fit-elle l´objet d´une surélévation en pan de bois pour pouvoir desservir tous les logements aménagés dans l´étage de comble (avec création de lucarnes pour les éclairer). Une carte postale de 1905 montre qu'à cette époque, l'étage de soubassement de la façade nord était encore à usage commercial et ouvert d'une baie de boutique à arc en anse de panier, avec étal en saillie (à l'emplacement de l'actuelle porte cochère donnant accès au garage). Le plan dressé par le Ministère de la Reconstruction et de l´Urbanisme montre qu´en 1953, une construction de nature inconnue se trouvait encore le long de la limite ouest du jardin ; elle fut démolie après cette date. Des garages, accessibles depuis la rue Chateaufavier par un portail, ont été bâtis à une époque récente au sud-est du jardin. En 1812, cette maison et son jardin appartenaient, selon la matrice du cadastre napoléonien, aux enfants de Joseph Mage. Elle a en effet longtemps constitué la propriété de la famille Mage, dont les membres furent durant des générations consuls d´Aubusson et marchands de tapisseries. L´historien Cyprien Pérathon (1886) a dressé la généalogie de cette prestigieuse lignée, dont l´un des premiers représentants connus fut Barthélémy Mage, consul d´Aubusson en 1527. Elle compta aussi parmi ses rangs Pierre Mage de La Chézotte, marchand de tapisseries à Paris, rue de la Huchette, décédé en 1760 - dont la fille, Marie-Louise, épousa Michel Laboreys de Chateaufavier, inspecteur des manufactures royales d´Aubusson et de Felletin à partir de 1743. Une partie de la maison (le corps de logis sud, à l'exception de ses deux derniers niveaux) a été achetée par la famille Avignon après la Première Guerre Mondiale.

Périodes

Principale : 4e quart 15e siècle (incertitude)

Secondaire : 16e siècle (incertitude)

Secondaire : 17e siècle

Secondaire : 18e siècle

Secondaire : 2e moitié 19e siècle

Secondaire : 2e moitié 20e siècle

Cette maison, de plan régulier en L, construite entre rue et jardin, a été édifiée sur une parcelle d´angle limitée, au sud, par la rue Chateaufavier et au nord et à l´est, par la rue Pardoux-Duprat. Elle est accessible, depuis la rue Chateaufavier, par un portail à deux vantaux donnant accès au jardin et, depuis la rue Pardoux-Duprat, par une petite porte ménagée dans le mur de clôture de la propriété. Elle est également desservie, à l´ouest, par un étroit passage débouchant sur la rue des Déportés. Cette maison se développe sur un étage de soubassement formant cave voûtée, au sud, éclairée par des soupiraux, mais ouvert de deux portes de garage au nord, du côté de la place de la Libération. Elle s´organise en deux corps de logis (sud et nord), simples en profondeur, à deux étages carrés et étage de comble, réunis par une tour d´escalier latérale. Le corps de logis sud, qui occupe le fond du jardin, comporte, dans son angle nord-ouest, une tour d´escalier en demi-hors-œuvre formée de trois pans coupés, qui n´est visible que depuis la cour située entre la maison et l´arrière des immeubles de la rue des Déportés. Cette tour a été profondément remaniée ; toutefois, ses ouvertures, quoique partiellement murées, ont conservé des éléments de facture Renaissance (encadrement chanfreiné, traces d´arrachement de meneau, présence d´une traverse pour la plus haute). Son dernier niveau a été totalement reconstruit et doté d´une couverture en terrasse fermée par une balustrade (à l´origine, la tour devait sans doute comporter un toit en poivrière). Bien qu´elle n´abrite plus aujourd´hui que des pièces d´habitation, l´amorce d´un escalier en vis y est encore visible au niveau de l´étage de soubassement. L´élévation sur jardin du corps de logis sud, non ordonnancée et totalement enduite, est épaulée par deux puissants contreforts et couronnée par une corniche moulurée. Toutes ses ouvertures ont été modifiées, mais certaines ont conservé une belle modénature spécifique à l´architecture civile du 16e siècle (appuis saillants, couronnement en double accolade, vestige de meneau arraché). Elle est agrémentée, dans son angle sud-ouest, d´une tourelle en surplomb, assise sur un cul-de-lampe et couronnée d´un toit conique couvert de bardeaux de châtaignier, sommé d´un épi de faîtage en plomb. Cette tourelle n´est éclairée que d´un petit fenestron. Elle abrite, à chaque niveau, de simples placards. Sur son côté est se trouve une baie murée, avec appui saillant mouluré, linteau en accolade et bases prismatiques. A l´angle sud-est de cette élévation sur jardin se situe une seconde tour latérale en demi-hors-œuvre, formée de cinq pans extérieurs. Elle se distingue par son bel appareil en pierres de taille. De plan octogonal, elle abrite, au rez-de-chaussée, une cuisine, voûtée en berceau et au premier étage, une pièce voûtée d´arêtes, avec, aux retombées des arcs, des culots qui devaient être sculptés à l´origine. Les reliefs ornant ces culots ont été fortement mutilés ou dissimulés dans des reprises maçonnées postérieures. La structure intérieure du corps de logis sud a été entièrement modifiée par des réaménagements successifs (cloisons rapportées, cheminée de facture 19e siècle en pierre au 1er étage). Néanmoins, au rez-de-chaussée, dans la pièce principale (salon actuel), les traces d´un décor peint et incisé sont encore décelables sur les solives du plafond. Dans la pièce immédiatement adjacente, donnant également sur le jardin, est conservé un exceptionnel ensemble de boiseries (encadrement de cheminée, de portes et d´alcôve) datable du 3e ou du 4e quart du 17e siècle. Sur la rue Pardoux-Duprat, l´élévation a été dénaturée (modification des fenêtres, ajout d´un balcon filant), mais au premier étage subsiste une belle baie à moulurations croisées et bases prismatiques. Contre cette élévation orientale se trouve accolée la tour en demi-hors-œuvre servant de lien avec le corps de logis nord. Sa porte, à encadrement chanfreiné, est soulignée d´une accolade. Percée de baies non alignées verticalement, elle abrite un escalier en vis en pierre, avec marches délardées portant noyau, qui assure la distribution de tous les appartements aujourd´hui aménagés dans le corps de logis nord, ainsi qu´au second niveau et dans l´étage de comble du corps de logis sud. Son dernier niveau (vraisemblablement une surélévation tardive) a été bâti en pan de bois ; il est couronné d´un toit conique couvert d´ardoises, et supporté par une charpente présentant une belle enrayure. Le corps de logis nord présente deux travées sur la rue Pardoux-Duprat, avec des chaînages d´angle en pierre de taille. Du côté de la place de la Libération, il offre une façade complètement réordonnancée dans la seconde moitié du 19e siècle, à deux travées régulières, avec, aux premier et second niveaux, des fenêtres devancées par des balcons fermés par des garde-corps en ferronnerie. Cette façade est couronnée par une corniche, surmontée d´une croupe couverte de tuiles plates, percée de deux lucarnes cintrées. De nombreux éléments de remploi y sont visibles : trois corbeaux en pierre (dont deux sculptés de visages souriants) et une niche avec arc en accolade et bases prismatiques. L´une des deux portes de garage de l´étage de soubassement se distingue par un linteau traité en plate-bande appareillée.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

  4. Mise en oeuvre : pierre de taille

  5. Mise en oeuvre : pan de bois

Toits
  1. tuile plate, bardeau, ardoise
Plans

plan régulier en L

Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés, étage de comble

Couvrements
  1. voûte en berceau voûte d'arêtes
Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit conique

  2. Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier demi-hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

État de conservation
  1. remanié
  2. restauré
Décors/Technique
  1. sculpture
  2. peinture
  3. menuiserie

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , 6, 8 rue Pardoux-Duprat

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1812 (C 381, 395), 2007 AM 317

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...