0 avis
Pont sur la Gartempe
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Vicq-sur-Gartempe
Historique
Les traversées avant 1838
L'existence d'un pont est attestée à Vicq en 1285 et en 1496, mais plus aucune source ne le mentionne lors des siècles suivants. Avant la construction d'un nouveau pont en 1838, le passage de la Gartempe était possible par un gué, à l'emplacement du pont actuel, ou par un bac plus au sud, joignant le chemin des Roches et la Guyonnerie.
Le pont suspendu de 1838
G. de Bagnac, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, adresse au préfet le 19 août 1834 des travaux préparatoires pour l'établissement d'un pont, comprenant son rapport et un plan dressé par V. Besson, ingénieur ordinaire de l'arrondissement du Nord (Châtellerault). Ce plan indique l'emplacement du bac, du moulin, du gué, la possibilité d'implantation du pont avec ses rampes d'accès et est accompagné d'un profil en travers de la Gartempe. G. de Bagnac signale qu'il existe sur la Gartempe deux ponts maçonnés en amont de Vicq, à Montmorillon et à Saint-Savin. Il fait la moyenne des longueurs de ces deux ponts (respectivement 39,50 m et 86 m) pour calculer un tablier d'une longueur arrondie à 60 m pour Vicq. Il souligne l'existence en aval sur la Creuse de deux ponts suspendus récemment construits à La Roche-Posay (à 7 km en aval) et à Lésigny, et pense que c'est cette technique qui est la plus appropriée pour Vicq. Il estime le coût de construction à 70.000 francs et trouve que la demande de subvention de la commune (30 à 40.000 francs) est exagérée et ne devrait pas dépasser 20.000 francs. Il signale les difficultés qui pourraient apparaître sur l'estimation de l'indemnité d'éviction du fermier du bac.
Le 21 décembre 1834, le conseil municipal délibère pour demander la construction d'un pont dont le péage serait identique à celui du bac, soit le tarif du 7 thermidor an XII (26 Juillet 1804) en vigueur au bac de Vicq et adopté pour le pont sur la Creuse à La Roche-Posay. Le 19 mars 1835, l'ingénieur ordinaire de l'arrondissement du Nord des Ponts-et-Chaussées, V. Besson, émet un avis favorable aux travaux préparatoires de G. de Bagnac et à l'emplacement retenu, compte tenu des pentes des rives et du bâti du bourg de Vicq.
Le cahier des charges du 5 septembre 1835 prévoit un pont construit à l'emplacement du gué, avec une seule travée de 60 m entre les culées, une largeur de 4,40 m (2,20 m de chaussée charretière et 1,10 m pour chaque trottoir, soit les mêmes dimensions que le pont suspendu sur la Creuse à Lésigny), avec la surface inférieure du tablier à 6,50 m au-dessus de l'étiage de la Gartempe au milieu de la travée et 6 m au niveau des culées. Les rampes d'accès auront un rayon minimum de 25 m avec une chaussée en cailloutis de 5 m de large. L'adjudicataire doit construire le pont et l'entretenir (notamment en repeignant les fers tous les trois ans) et l'administration des Ponts-et-Chaussées réalisera une inspection annuelle détaillée. En cas de coupure du pont pour cause de travaux, le concessionnaire doit assurer le passage avec des bateaux. Ce cahier des charges est validé le 11 octobre 1835 par délibération du conseil municipal, le 1er avril 1836 par le préfet puis par une ordonnance royale du 16 août 1836. Il sera accordé au soumissionnaire une subvention de 20 000 francs et le produit du péage pendant 99 ans. Cette ordonnance fixe le tarif des péages et les exemptions des droits de péage.
La publicité de l'appel d'offre est publiée le 18 mars 1837, les consultations sont ouvertes du 22 mars au 22 avril, date prévue pour l'adjudication à l'hôtel de préfecture. Par ordonnance royale du 14 juillet 1837, M. Bertin et sa compagnie sont déclarés adjudicataires du pont. Les plans sont transmis aux Ponts-et-Chaussées par les frères Escarraguel à Bordeaux, " cessionnaires de M. Bertin ", et visés le 18 décembre 1837 par Mounier, ingénieur en chef. Le péage est perçu par la Société Anonyme des Ponts de Vicq et d'Availles, devenue Escarraguel et Compagnie.
Le pont construit en 1838 est un pont suspendu à tablier en bois. La maçonnerie est achevée le 10 juin, mais le 5 juillet, le conducteur de travaux signale à l'ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées que les bois arrivés et travaillés ne sont pas tous de bonne qualité et les fers ne sont pas tous arrivés ; il propose de verser le tiers de la subvention aux entrepreneurs quand les fers seront livrés à pied d'oeuvre. La suspension est mise en place début septembre.
Le 16 septembre 1838, l'ingénieur des ponts et chaussées prévient les frères Escarraguel qu'il assistera le 20 septembre au début des opérations de l'épreuve de charge ; il ne pourra pas rester pendant le 24h du test et confie à M. Lamotte, conducteur de travaux, de mener le nivellement et de vérifier les repères. La largeur entre les garde-corps est de 4,40 mètres (chaussée charretière de 2,27 m et trottoirs de 1,10 et 1,12 m) et la hauteur du tablier était de 6,50 mètres au-dessus de l'étiage de la Gartempe. Quatre câbles (13 tonnes de fils de fer n° 18, qui ont été mis à bouillir dans 150 kg d'huile de lin) assurent la suspension de chaque côté du pont qui comprend également 41 poutrelles de 28 cm d'épaisseur pour 18 cm de largeur. D'après le cahier des charges, le pont devait pouvoir supporter 52,8 tonnes. L'épreuve de charge avec du sable est perturbée par la pluie, en cours d'épreuve, une petite partie du sable est enlevée pour compenser la surcharge estimée en eau. Les petites fissures apparues valident néanmoins le test. Un arrêté préfectoral du 26 septembre 1838 autorise la mise en service du pont le 1er octobre 1838, avec une concession qui expirera le 26 septembre 1898, soit 60 ans et non 99 ans comme envisagé dans les documents préparatoires.
Il s'ensuit un conflit lardé jusqu'en 1843 pour l'indemnisation de M. Tricoche, ancien sous-fermier du bac, qui ne touche plus le prix des traversées et aurait dû être indemnisé par l'adjudicataire du pont (art. 7 du contrat de concession).
Une circulaire du sous-secrétaire d'Etat des travaux publics du 30 septembre 1846 impose une visite annuelle des " ponts suspendus construits par voie de concession de péage " par le conducteur de travaux et si nécessaire l'ingénieur voire l'ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, en présence du maire et du concessionnaire ou de leurs représentants. Les notes des frais induits sont dues par le concessionnaire.
Le 15 novembre 1850, une décision ministérielle permet de réaliser de nouvelles épreuves de charge sur six ponts suspendus du département.
Un arrêté préfectoral du 3 novembre 1854 limite la quantité d'animaux et d'hommes empruntant en même temps le pont.
Entre 1854 et 1857, M. Lavaud assiste aux visites annuelles comme péagier du pont, représentant des concessionnaires, mais fait savoir qu'il ne peut pas réaliser de travaux sans en référer aux concessionnaires.
Une épreuve de charge a été réalisée en 1860 après un rapport sévère sur les défauts de conception du pont (puits d'amarre, câbles, étriers de fixation, voir annexe 2). Dans son rapport de 1867, l'ingénieur note que " [ce pont] a déjà été présenté comme présentant de nombreuses imperfections, les puits d'amarre sont en-dessous des crues ordinaires " ; les suspensions ont été renforcées pour 4 d'entre elles : " les premiers câbles semblent en effet avoir été très mal établis. "
Jusqu'en 1868, les frères Escarraguel sont mentionnés comme concessionnaires du pont lors des visites annuelles, puis Eugène Parant, auparavant signalé depuis 1858 comme péagier du pont et assistant aux visites, est seul cité comme receveur des droits de péage, fermier du pont.
Une épreuve de charge a été réalisée le 25 juin 1872 après d'importants travaux de réparation.
Le 20 novembre 1877, un arrêté préfectoral prescrit la réalisation d'ouvrages pour garantir la sécurité du pont.
Le pont suspendu de 1881
Une crue, violente, a coupé la circulation entre les deux rives dans la nuit du 11 au 12 juin 1880, plusieurs habitants sont bloqués sur une rive ou sur l'autre. " La Gartempe [...] grossissait à vue d'œil toute la journée et entre 7 et 8 h du soir, le pont de fil de fer s'effondrait, emporté par les trois pilastres énormes de ce pont. Ce n'est que le dimanche matin que la rivière a commencé à décroître [...]. Le moulin, qui est pourtant assez élevé, a été submergé. [...] Le maire et l'instituteur [...] ont failli payer très cher leur curiosité. Au moment où ils revenaient de leur excursion et mettaient le pied sur le tablier du pont, un fracas épouvantable se faisait entendre et le pont s'effondrait. Il s'en est fallu même de bien peu que l'instituteur ne fût écrasé par les matériaux d'un de pilastres. L'Anglin, qui se jette dans la Gartempe au-dessus de Vicq, était très gros et ce cours d'eau a beaucoup contribué à l'inondation. [...]. Une partie des madriers a pu être repêchée " (Le Courrier de la Vienne et des Deux-Sèvres, 17 juin 1880). Dans l'édition du même jour, L'Avenir de la Vienne précise " trois des colonnes qui supportaient le pont, sur quatre, s'écroulèrent et avec elles tout le pont fut englouti dans cette masse d'eau énorme ".
De juin 1880 à mars 1881, " le service des communications est opéré au moyen d'un bac " (Archives départementales de la Vienne, 1 S 17).
L'ingénieur en chef a dû convaincre les concessionnaires de se lancer dans la reconstruction du pont. Le mauvais temps hivernal oblige à différer les travaux.
Un nouveau pont suspendu, à deux fortes culées maçonnées et à tablier en bois, est construit en 1881. Ses dimensions sont identiques : une travée suspendue de 60 m de longueur et une largeur totale de 4,45 m (5 cm de plus que le premier pont).
Le 10 juillet 1927, une crue détruit à nouveau le pont.
Le pont suspendu métallique de 1931
Un pont métallique est alors construit et inauguré le 12 juillet 1931.
Le pont en béton de 1989
En mauvais état dans les années 1980, il est remplacé en 1989 par le pont actuel, construit en béton.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e moitié 19e siècle Principale : 4e quart 19e siècle Principale : 2e quart 20e siècle Principale : 4e quart 20e siècle |
---|---|
Dates |
1838, daté par source 1881, daté par source 1931, daté par source 1989, daté par source |
Auteurs |
Auteur :
Escarraguel Frères Entreprise bordelaise des frères Louis Isnel (1808-1873), Dominique (1810-1882), Louis Grégoire (1815-1863) et Jacques (1816-1871) Escarraguel. Les documents du pont de Vicq mentionnent " le sieur Escarraguel, ingénieur civil, 70 cours de Tourny à Bordeaux ". Pont suspendu sur la Gartempe à Vicq-sur-Gartempe (1838) ; pont suspendu sur la Vienne à Availles-Limouzine (Vienne) en 1839 ; pont suspendu sur la Charente à Tonnay-Charente (1842) ; pont de la Trache sur la Charente à Saint-Brice (Charente) en 1843. |
Description
Le pont sur la Gartempe est situé à la sortie est du bourg de Vicq. Il présente un tablier en béton et un garde-corps métallique. Il repose sur deux piles en béton. A l'est, deux arches supplémentaires en pierre calcaire (datant probablement de 1881), couvertes en anse de panier, permettent le franchir un bras alimenté par la rivière en période de crue.
Détail de la description
Murs |
|
---|---|
Toits |
|
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
---|---|
Référence du dossier |
IA86008223 |
Dossier réalisé par |
Ourry Yann
Dujardin Véronique Chercheur, service Patrimoine et Inventaire |
Cadre d'étude |
|
Aire d'étude |
Vals de Gartempe et Creuse |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2011 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Pont sur la Gartempe, Dossier réalisé par Ourry Yann, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/fa7a17c6-3293-47d9-952b-21c70872c434 |
Titre courant |
Pont sur la Gartempe |
---|---|
Dénomination |
pont |
Statut |
|
---|
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Vicq-sur-Gartempe
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: le Bourg
Cadastre: 2010 AT 336 (près de) (non cadastré)