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Historique
L'actuelle cathédrale Saint-Pierre est érigée dans la première moitié du 12e siècle, à l'initiative de l'évêque Girard II. Girard, jusque chanoine du chapitre de la cathédrale de Périgueux, est nommé évêque d'Angoulême en 1101.
Le nouvelle édifice remplace la cathédrale construite au début du 11e siècle. Les travaux sont menés d'ouest vers l'est. A la même période sont édifiés, au nord de l'église, le cloître, les bâtiments pour les chanoines et le palais épiscopal.
Le chantier de la cathédrale s'achève vers 1140, quelques années après la mort de Girard II (1136).
L'édifice roman est modifié à la fin du Moyen Âge avec l'aménagement, au niveau du chœur, de deux chapelles de plan rectangulaire, une troisième ouvrant sur le bras sud du transept.
Au 16e siècle, un clocher est construit sur le bras sud du transept. La façade romane est surmontée d'un pignon encadré de deux clochetons cylindriques.
Lors des guerres de Religion, la cathédrale est pillée et endommagée, les sculptures de la façade sont martelées. Le clocher du bras sud du transept s'effondre lors du siège de la ville par les troupes de l'amiral de Coligny en 1568. L'église est restaurée au cours des deux siècles suivants.
Pendant la Révolution de 1789, la cathédrale devient temple de la Raison.
Au 19e siècle, une importante restauration de l'édifice est entreprise par l'évêque Cousseau (1805-1875) et l'architecte Paul Abadie fils (1812-1884). Le dessein est de restituer l'état (hypothétique) de la cathédrale romane, par ailleurs inscrite sur la première liste des Monuments Historiques, en 1840.
Les travaux sont menés entre 1852 et 1875. Les parties orientales sont profondément remaniées. Les chapelles gothiques du chœur sont détruites (celle du transept sud est conservée) et remplacée par des absidioles semi-circulaires, la coupole de la croisée du transept est refaite comme la tour nord du transept. Les murs gouttereaux de la nef sont repris ainsi que plusieurs parties de la façade (portail central, partie supérieure avec un nouveau pignon encadré de deux clochetons).
Entre 2010 et 2016, les trois niveaux de la chapelle du bras sud du transept sont aménagés par l'artiste Jean-Michel Othoniel pour accueillir le Trésor de la cathédrale.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 12e siècle Principale : 19e siècle |
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Description
La cathédrale Saint-Pierre est composée d'une nef unique de trois travées, d'un transept et d'un chœur en abside sur lequel ouvrent quatre chapelles rayonnantes semi-circulaires. Très remaniée au 19e siècle, elle conserve cependant une façade-écran en grande partie romane.
La façade occidentale
La façade occidentale est divisée en trois niveaux horizontaux principaux (subdivisés en plusieurs zones) et, pour les deux premiers niveaux niveaux, rythmée par six demi-colonnes montant de fond qui délimitent une travée centrale et deux hautes arcades en plein cintre de chaque côté de la partie axiale.
La travée centrale est la plus large et comprend, de bas en haut, le portail, une haute baie en plein cintre et une grande arcade encadrant l'Ascension du Christ ; toutes les sculptures de la façade sont en lien avec cette image. L'ensemble est sommé d'un pignon triangulaire orné de cinq arcades en plein cintre réalisé au 19e siècle et encadré par deux clochetons de pan carré surmontés d'une flèche conique à écailles cantonnée de petits lanternons.
Le rez-de-chaussée est composé du portail flanqué de chaque côté de deux arcatures aveugles.
Le portail en plein cintre présente un tympan sculpté (Christ en majesté encadré de deux anges, refaits au 19e siècle) et une voussure à deux rouleaux ornés d'entrelacs de feuillages, d'animaux, d'êtres humains et fantastique ; le linteau est orné de feuillages et animaux entrelacés (oiseau, griffons, quadrupèdes).
De chaque côté du portail, deux arcades aveugles entourent chacune un tympan sculpté des trois apôtres. Au nord, ceux-ci sont encadrés par un rouleau orné d'animaux et de feuillages entremêlés, motifs qui se retrouvent sur le bandeau prenant place sous les tympans et sur les chapiteaux des arcades. Au sud, le bandeau de l'arcade interne se démarque par son décor historié qui illustre deux scènes extraites de la Chanson de Roland : l'évêque Turpin défait le géant Abisme, Roland poursuit le roi Marsile à Saragosse. Parfaitement adaptés au cadre contraint du bandeau, les personnages et les chevaux sont représentés avec naturel, en mouvement, permettant de "vivre" les combats représentés. Sur le bandeau de l'arcade externe est figurée une scène de chasse.
Selon Pierre-Dubourg-Noves (C.A.F., 1995), les sculptures du premier niveau seraient l'oeuvre de sculpteurs toulousains du chantier de l'église Saint-Sernin que l'évêque Girard II aurait fait venir lors d'un séjour à Toulouse.
Le niveau intermédiaire horizontal comprend, au centre, une haute baie en plein encadrée de chaque côté, de deux étroites arcades en plein cintre superposées abritant chacune un personnage. Les arcades latérales sont divisées en quatre registres horizontaux.
Au-dessus des arcades internes du premier niveau, deux reliefs sculptés représentent, au nord, saint Georges terrassant le dragon et, au sud, saint Martin donnant la moitié de son manteau au pauvre, sculptures du 19e siècle.
Les deux registres supérieurs suivants comprennent deux arcades aveugles dans l'arcade interne proche de la fenêtre, puis quatre arcades aveugles réparties deux par deux dans les quatre travées latérales. Enfin, le dernier registre correspond aux tympans des ces arcades .
Les arcades aveugles abritent une sculpture représentant les apôtres ; une femme est figurée dans la petite arcade supérieure nord jouxtant la baie centrale. Font exception les arcades externes du troisième registre encadrant chacune un diable et un damné. Les tympans des arcades sont ornés chacun de deux personnages non identifiés.
Les apôtres et les personnages des tympans regardent vers la partie supérieure centrale, où est représenté le Christ. Une partie d'entre eux, notamment ceux des tympans, sont figurés en mouvement. Cette animation est également visible dans le corps des anges surmontant la baie centrale, et est même accentuée par les vêtements qui semblent voler, comme dans une danse.
Dominant la façade, l'arcade supérieure encadre l'Ascension du Christ, vers qui convergent les regard des personnages des registres inférieurs. Entouré d'une mandorle en amande, le Christ est accompagné des symboles des quatre évangélistes (l'ange de saint Matthieu, le lion de saint Marc, le taureau de saint Luc et l'aigle de saint Jean). Au-dessus de lui, dans une nuée, des anges s'apprêtent à l'accueillir. Le rouleau de l'arcade est aussi orné d'anges.
La façade de la cathédrale Saint-Pierre, par ses apports stylistiques, a marqué l'architecture de son époque. Son décor iconographique et stylistique de grande qualité a inspiré de nombreuses églises du diocèse et au-delà.
La nef et les parties orientales.
La nef, le transept et le chevet ont été fortement remaniés au 19e siècle.
Les murs gouttereaux de la nef ont été en partie refaits, notamment dans la première travée. Au nord, les parties hautes ont été conservées. Les élévations sont rythmée par trois contreforts. Chaque travée est confortée par deux arcs en plein cintre ajourés chacun d'une baie en plein cintre. Un porche de plan carré abrite une porte aménagée dans la seconde travée, au nord et au sud.
Sur le bras nord du transept s'élève le clocher, reconstruit par Paul Abadie. La tour, de plan carré, compte six niveaux. Les quatre derniers sont ajourés et abritent les cloches.
A la croisée s'élève la coupole du 19e siècle. Le dôme couvert d'écailles de pierre s'élève sur un tambour octogonal ajouré et conforté aux angles par des contreforts ; il est sommé d'un petit lanternon.
Le bras sud conserve la chapelle gothique à trois niveaux édifiée à l'est ; à coté, ouvrant sur la première travée du croisillon, une petite absidiole surmontée d'un oculus a été construite au 19e siècle.
Le chevet à cinq pans et quatre absidioles rayonnantes est une reconstruction de Paul Abadie. S'inspirant de la seule absidiole romane conservée, au nord-est, il édifie les trois autres et la partie supérieure du chevet. Elles alternent avec des baies en plein cintre. Chaque angle est conforté par un petit contrefort. Les absidioles sont rythmées par de trois arcades en plein cintre retombant sur des pilastres, celle du centre étant ajourée d'une petite baie. Les modillons des corniches portent un décor sculpté inspiré des motifs romans(têtes humaines, tête animales, monstres...).
L'élévation est, dépourvue de chapelle, est consolidée par un large contrefort où ouvre une grande baie en plein cintre. De chaque côté, une étroite arcature le relie aux contreforts d'angle. Au-dessus de ce contrefort, un bandeau composé de trois reliefs sculptés figure une scène de chasse : deux chiens dans des feuillages cernent un animal. Le bandeau est encadré par deux lions assis.
La partie supérieure du chevet est animée par une alternance de petites arcades aveugles et de grandes arcades en plein cintre couvrant une arcade géminée aveugle sauf à l'est, où le mur est orné de deux arcades encadrant les deux petits arcs aveugles. Le décor des modillons de la corniche puise également dans le vocabulaire ornemental roman.
L'intérieur
La nef unique est couverte de trois coupoles circulaires sur pendentif qui reposent sur des arcs doubleaux à double ressaut légèrement brisés retombant sur de massifs piliers qui rythment les murs gouttereaux. Les piles de la première travée sont plus larges que les suivantes.
Ce type de couvrement semble inconnu en Angoumois au début du 12e siècle. Selon Pierre Dubourg-Noves (C.A.F., 1995), il pourrait avoir été inspiré à l'évêque Girard II par la cathédrale Saint-Front de Périgueux, dont Girard était chanoine au moment de la construction de l'édifice.
Les murs de la nef sont animés, et renforcés, entre les piliers par trois arcs en plein cintre à double ressaut très restaurées par Paul Abadie. Afin d'harmoniser les murs, ce dernier a souhaité une arcature régulière dans chaque travée. Les murs gouttereaux de la première travée, très restaurés, ont reçu cette arcature aveugle et celles de la seconde travée ont été refaites ainsi que les deux portes actuelles.
Au niveau supérieur, le mur est éclairé de deux baies en plein cintre dans chaque travée, à la base desquelles est aménagée une coursière.
Le transept et le chœur ont aussi été partiellement restaurés par Paul Abadie. La coupole romane de la croisée du transept a été remplacée par la coupole octogonale sur pendentifs actuelle. Celle-ci repose sur un tambour percé de 16 baies qui éclairent abondamment les parties orientales. Dans le bras nord, la première travée est couverte d'une voûte en plein cintre et, à l'est, une absidiole surmontée d'un oculus ont été construits au 19e siècle ; cette disposition se retrouve dans la première travée du bras sud. Dans la seconde travée du bras nord, quatre piliers supportent une coupole octogonale au-dessus de laquelle s'élève le clocher.
Le chœur polygonal à l'extérieur, présente une profonde abside semi-circulaire à l'intérieur. La partie droite est couverte d'une voûte en berceau plein cintre prolongée d'un cul-de-four dans l'abside. Quatre absidioles rayonnantes, au nord et au sud, sont couvertes de voûtes en cul de four. Elles sont séparées par des baies en plein cintre. Une haute arcature en plein cintre encadre les baies et les chapelles. Seule l'absidiole nord-est est romane.
La sculpture intérieure originale est essentiellement circonscrite aux chapiteaux du transept nord et à plusieurs chapiteaux des arcades du chœur. Les corbeilles, entièrement sculptées, sont ornées de feuilles grasses, d'entrelacs. Des lions ailés, des oiseaux, des personnages se détachent sur un arrière-plan végétal. Sur la pile nord-est de la seconde travée nord, un homme lutte avec un lion (?) au-dessus duquel est représenté un musicien avec une trompe et une cloche. A noter, dans le chœur, les deux chapiteaux en marbre du chœur, orné de deux registres de feuilles d'acanthe, qui peuvent provenir d'un édifice antérieur.
Détail de la description
Toits |
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Plans |
plan en croix latine |
Couvrements |
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Couvertures |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Ascension du Christ ; Tétramorphe ; Christ en Majesté ; saint Georges terrassant le dragon ; saint Martin donnant son manteau ; anges ; apôtres ; Chanson de Roland : Roland poursuivant le roi Marsile ; le combat de l'évêque Turpin avec le géant Abisme ; scène de chasse. |
Informations complémentaires
Édifiée entre 1110 et 1140, la cathédrale Saint-Pierre à Angoulême (en Charente) a subi une restauration importante au 19e siècle par l'architecte Paul Abadie (fils) qui lui donne son aspect actuel.
La cathédrale Saint-Pierre est construite près du rempart de la ville, à l'initiative de Girard II, évêque d'Angoulême. Elle est agrandie et transformée au cours des siècles : adjonction de chapelles orientales à la fin du Moyen Âge, construction d'un clocher sur le bras sud du transept au 16e siècle, tribune d'orgue au 18e siècle...
Au 19e siècle, entre 1852 et 1875, l'architecte Paul Abadie (fils), soutenu par l'évêque Cousseau, restitue l'édifice dans un hypothétique état originel : le chœur reçoit de nouvelles chapelles rayonnantes, la coupoles de la croisée est refaite, le clocher nord est entièrement repris et l'intérieur de l'édifice est également restauré.
La cathédrale Saint-Pierre se compose d'une large nef, d'un transept et d'un chœur à abside demi-circulaire sur lequel sont greffées quatre absidioles ; seule l'absidiole nord-est est romane, les trois autres ont été reconstruites au 19e siècle. Sur le modèle de l'ancienne cathédrale Saint-Front de Périgueux, la nef est couverte de trois coupoles. Cette file de coupoles a été imitée au 12e siècle dans plusieurs églises de l'Angoumois et de la Saintonge.
La façade romane de l'édifice présente un riche décor consacré au Christ triomphant et au Jugement dernier. Les restaurations du 19e siècle ont principalement concerné la partie haute en ajoutant le pignon et les clochetons qui l'encadrent.
Le programme sculpté est organisé de bas en haut. Le rez-de-chaussée est composé d'un portail central flanqué de deux arcades aveugles. Les apôtres partant en mission sont figurés sur les tympans des arcades latérales ; le tympan du portail central, orné d'un Christ en Majesté, a été réalisé au 19e siècle. La partie médiane de la façade est organisée, de part et d'autre d'une grande baie en plein cintre, en deux registres superposés d'arcades aveugles abritant des sculptures. Les deux cavaliers sculptés entre le rez-de-chaussée et ces deux registres ont été ajoutés au 19e siècle et représentent saint Georges à gauche et saint Martin à droite. Onze apôtres et la Vierge sont figurés à l'intérieur des arcades ; ils regardent vers le haut où, dominant la façade, est représentée l'Ascension du Christ. Le Christ est figuré debout à l'intérieur d'une mandorle et lève la main droite dans le geste de la bénédiction. Il est entouré des symboles des quatre Évangélistes. Le Jugement dernier est évoqué par la représentation des élus et des damnés. Les élus prennent place dans des médaillons situés à l'intérieur des arcades qui encadrent l'Ascension. Les damnés, quant à eux, sont figurés avec des diables dans deux scènes placées à chaque extrémité du second registre de la partie médiane.
Le message est renforcé par la structuration de la façade. Les registres superposés d'arcatures aveugles créent des lignes horizontales réunies par les contreforts-colonnes qui divisent verticalement le frontispice en cinq travées. La travée centrale, plus large que les quatre autres, est ponctuée de bas en haut par le portail du rez-de-chaussée, la grande baie médiane et la représentation de l'Ascension, encadrée par une arcade qui met en valeur la scène principale de la façade.
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA16008274 |
Dossier réalisé par |
Sarrazin Christine
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Communauté d'Agglomération du Grand Angoulême |
Phase |
recensé |
Date d'enquête |
2014 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême, Dossier réalisé par Sarrazin Christine, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/ff3c7615-d5a0-47e8-8d27-d89bb27898fa |
Titre courant |
Cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême |
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Dénomination |
cathédrale |
Vocable |
saint Pierre |
Statut |
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Protection |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente , Angoulême
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: AK 328, 2014 AK 472