Pindray : présentation de la commune

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Des traces de l'Antiquité, une fondation médiévale

Des traces d'occupation humaine remontant au Néolithique ont été repérées à Pindray. À l'époque romaine, le territoire était parcouru au sud par l'ancienne voie reliant Poitiers (Lemonum) à Limoges (Augustoritum). Cette proximité explique sans doute la présence de nombreux vestiges gallo-romains mis au jour lors des fouilles archéologiques. Lors de la construction de la route de Pindray à Jouhet, M. Ducoudray, agent-voyer, a découvert les restes d'une villa de plus 50 mètres de long au village des Scot (Richard, 1881).

Jusqu'à la Révolution française, le territoire de la commune est partagé entre la seigneurie de Pindray et celle de Pruniers. La première est citée en 1088 lorsque le seigneur Pierre de Pindray signe, en tant que témoin, une charte capitulaire de Saint-Cyprien. Au 12e siècle, c'est une châtellenie relevant de la seigneurie de Montmorillon. Juché sur une colline, en hauteur de la vallée, à moins de deux kilomètres de la Gar­tempe, le château fort médiéval était construit à l'emplacement du bourg actuel. Ce premier château est détruit vers la fin du 16e siècle, au cours des guerres de Religion. Des restes présumés de son mur d'enceinte sont encore visibles dans le bourg. Il est remplacé (au 17e siècle?) par un nouveau château, situé un peu plus au nord du bourg, détruit à son tour au 19e siècle pour faire place à l'édifice actuel.

L'église Saint-Pardoux est construite à partir du 12e siècle. Ancien prieuré, elle dépendait de l'abbaye de Lesterps, congrégation de chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin. Bien que très remaniée, elle a conservé de rares éléments d'époque romane, dont le clocher et à l'intérieur, quatre modillons sculptés. Le cimetière, qui jouxte encore l'église, n'a pas été déplacé comme ce fut le cas dans la plupart des communes.

Au sud-est de Pindray, au bord de la Gartempe, l'« hébergement » de Pruniers est cité en 1290. En 1323, la seigneurie est placée sous l'autorité de Pierre de La Roche, puis à la fin du 14e siècle sous celle des Giliers. En 1579, le château est vendu à François de Fore qui effectue des travaux. Les familles Jacques, puis de Moussy, conservent le château jusqu'à la Révolution.

Les seigneurs de Pindray et de Pruniers ne cessent d'entrer en conflit tout au long de la période moderne, le premier recherchant la suzeraineté sur le second. Au 18e siècle, de Moussy à Pruniers et Girard de Pindray s'opposent autour du droit de pêche sur la Gartempe. Le différend n'est réglé qu'à la Révolution.

Dans la seconde moitié du 18e siècle, de nombreux défrichements sont signalés sur le territoire d'Antigny (voir Debien, Défrichements...) :

- entre 1767 et 1778, François-B. Girard de Pindray fait défricher 28,5 ha à Pindray, Haims et Thénet ;

- entre 1770 et 1776, Viguier des Cosses, procureur du roi à la sénéchaussée, résident à Montmorillon, fait défricher 7 ha à Villemort, Pindray et Liglet ;

- en 1772, Mme de La Marquetière, du Poirat, fait défricher 9 ha à Pindray ;

- en 1772, Charles Chauvet, marchand fait défricher 5 ha à Pindray ;

- entre 1778 et 1783, Louis Rozet, procureur du roi à Montmorillon, et Julien Rozet, prieur de la Madeleine à Lussac, font défricher 4,60 ha à Pindray.

Pindray aux 19e et 20e siècles

La commune, dont la population s'élève à 476 habitants lors de son premier recensement en 1793, suit une période de forte croissance démographique tout au long du 19e siècle et culmine à 642 habitants en 1876. Ce souffle nouveau se conjugue avec une phase de relative prospérité, particulièrement visible dans l'évolution du bourg.

Envisagée à partir de 1862, la construction de l'école est achevée en 1866 ; elle est aujourd'hui occupée par la mairie. Le château demeurait de manière incontestable le lieu de pouvoir de la commune. Occupé successivement au cours du 19e siècle par Girard de Pindray, Letallandier puis Laurent de la Besge, tous trois maires de la commune, il fut reconstruit par ce dernier dans le goût de l'époque, en style néo-Renaissance.

L'état déplorable de l'église constaté au début du 19e siècle amène également la commune à réaliser plusieurs travaux. La sacristie est construite au sud tandis que l'intérieur est entièrement refondu, notamment le chœur qui reçoit une voûte en ogive d'inspiration gothique.

Au cours du 19e siècle, le service des Ponts et Chaussées organise sur les communes riveraines de la Gartempe des traversées en mettant à disposition de « fermiers du bac » les bateaux (bacs, batelets, bateaux, passe-cheval) contre versement d'une redevance. Entre Jouhet et Pindray, le passage d'eau est aménagé au niveau de la traversée du chemin de moyenne communication n° 80 de Chauvigny à La Trimouille. Un rapport de visite de 1840 fait état d'un bac et d'un bateau en mauvais état.

Une île, aujourd'hui remblayée, se trouvait sur la rive gauche de la Gartempe et a été aménagée par la commune de Pindray en 1853 pour faciliter le passage des charrettes. De nouveaux travaux sont toutefois nécessaires dans les années suivantes pour faciliter l'embarquement. De nouveaux bateaux (« un bateau dit batard et un batelet ») sont mis en service en 1857.

Les fermiers devaient appliquer un tarif défini pour chaque passage d'eau et avaient l'exclusivité du transport. Ainsi, en 1861, le fermier du bac de Jouhet se plaint de la concurrence déloyale des usiniers du moulin de Pruniers, en amont, et du moulin de la Roche, en aval, qui assurent des passages sur leurs bateaux privés.

Une quinzaine d'années plus tard, un pont est construit à l'emplacement du passage d'eau. Il est mis en service le 1er janvier 1876.

Au cours de la seconde moitié du 19e, le réseau des chemins communaux est profondément revu. La route de contournement de l'église est notamment réalisée dans les années 1880. Ces aménagements permettent au bourg de sortir quelque peu de son enclavement et d'avoir un accès direct sur Jouhet.

Pindray commence à décliner à partir de la fin du 19e siècle. Les effets de la Grande Guerre accentuent cette tendance. La population chute en effet à 482 habitants en 1921. Les pertes sont pour partie imputables au conflit : la commune compte 28 « morts pour la France ». Le monument aux morts est inauguré le 5 avril 1922.

Après la Seconde Guerre mondiale, la commune subit davantage le contre-coup de l'exode rural et de la modernisation agricole. Certaines fermes sont laissées à l'état d'abandon, comme à Rezon et aux Chirons. Malgré cette période difficile, et pleine d'incertitudes, la commune continue sa modernisation. Les rues du bourg sont entièrement goudronnées en 1954.

Le recul démographique se poursuit jusqu'en 1990, où le minimum est atteint avec 255 habitants. Depuis, la population s'est stabilisée autour de 260 habitants, soit 2,5 fois moins qu'à son apogée.

Une vallée verdoyante et un plateau qui domine la Gartempe

Située au nord de l'ancienne commune de Concise, aujourd'hui rattachée à Montmorillon, la commune de Pindray est riveraine de la Gartempe sur près de sept kilomètres sur la rive gauche. Son territoire, partagé entre la vallée et le plateau, révèle une assez grande variété de paysages dégageant à la fois une impression de calme et de sérénité. Ces paysages sont aujourd'hui protégés dans leur très grande majorité au sein d'un site classé portant sur près de 2 900 hectares, s'étendant sur la commune de Jouhet, en rive droite de la rivière. Avec une altitude comprise entre 81 et 155 mètres, le paysage présente quelques dénivelés.

Peu visible depuis Pindray, la Gartempe est bordée de façon quasi continue par la ripisylve. Elle creuse une vallée peu encaissée, qui se révèle toutefois plus resserrée à la Roche-à-Baussant. La vallée est parsemée de nombreuses prairies délimitées par des haies naturelles. Des vallées secondaires ont été dessinées par les ruisseaux du Moulin-de-Pindray, de Soulage et de l’Étang- Rompu. Leurs cours sillonnent le territoire d'ouest en est avant de déverser leurs eaux dans la Gartempe.

Près du quart du territoire communal est boisé. Les formations de taillis et de futaies se concentrent surtout sur les pentes. Les nombreux bois sont parcourus par des sentiers de randonnée. Un tilleul dans le parc du château de Pindray a été signalé comme arbre remarquable.

Les sols argilo-calcaires du plateau, assez pauvres en nutriments, ont favorisé l'épanouissement de nombreuses brandes. Celles-ci, aujourd'hui bien préservées des défrichements, s'étendent sur d'importantes superficies. Les Grandes-Brandes-du-Greffe, qui couvrent à elles seules 223 hectares (8 % de la surface communale), sont inventoriées en tant que ZNIEFF. La zone présente une très grande diversité de faune et de flore ; y sont répertoriées des espèces végétales devenues rares dans la région, comme la porcelle à feuilles tachetées, et de nombreuses espèces animales protégées comme le busard cendré ou celui de Saint-Martin. L’Étang-Neuf, en lisière nord de la zone, abrite par ailleurs une espèce de plantes carnivores, l'Utriculaire citrine.

Au nord et à l'ouest, le paysage du plateau change radicalement de physionomie avec les multiples champs occupés par les cultures céréalières.

Une commune à vocation agricole

La configuration du territoire de Pindray se prête avant tout à l'élevage et à la culture. Depuis la fin du 19e siècle, les ovins constituent le gros du cheptel dédié à l'élevage. Le cadastre de 1840 atteste également de la présence de nombreuses chevrières au sud de la Roche-à-Baussant.

Jusqu'à son démantèlement après la Seconde Guerre mondiale, le domaine du château de Pindray, divisé en de nombreuses métairies, couvrait près d'un quart du territoire communal. Au 19e siècle, de nouvelles terres agricoles sont conquises sur les landes, comme à Saint-Hubert.

Quasiment absente aujourd'hui, la vigne n'occupait déjà au 19e siècle qu'une très faible part de la surface agricole (2 % en 1842). On en trouvait notamment au nord de Coupé, avant que le phylloxéra n'y mette un terme. À la Roche-à-Baussant, la toponymie en a gardé la trace : le hameau est traversé par la rue des Vieilles-Vignes.

À côté de l'agriculture, l'artisanat était peu représenté. D'après le recensement de 1881, le bourg ne comptait que deux charpentiers, un sabotier et deux maréchaux-ferrants.

Deux moulins existaient sur la commune, rattachés aux anciennes seigneuries. Le moulin de Pruniers, sur la Gartempe, est cité au 16e siècle et n'apparaît plus sur la carte de Cassini au 18e siècle ; il est reconstruit en 1855. Le second moulin, dit moulin de Pindray, est construit sur le ruisseau du même nom, en bas du bourg, en 1853. Les deux moulins ont cessé leur activité dans la première moitié du 20e siècle. Si le premier est toujours en état, le second a été détruit.

La commune était fournie au 19e siècle par trois tuileries. La première, située au nord du Terrier au lieu-dit de la Tuilerie, conserve encore quelques vestiges. Les deux autres, situées au Logis-du-Poirat et au Petit-Poirat, ont cessé leur activité avant la fin du 19e siècle.

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