Le centre d'art de Vassivière, une architecture iconique
Avec sa tour-phare et sa grande galerie, le centre d’art est une création architecturale remarquable, labellisée « Patrimoine du 20e siècle». Associé à l’architecte italien Aldo Rossi (1931-1997), l’architecte français Xavier Fabre nous explique la conception de leur bâtiment dans cette interview.
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Publiée le 10 juin 2016
# Haute-Vienne, Creuse, île de Vassivière
# Opération d'inventaire : Hors opération
# Architecture culturelle, Patrimoine du 20e siècle
# Fin du 20e siècle
Interview de Xavier Fabre :
"Le bâtiment qui est ici n’est pas un musée. Ce qu’il faut considérer c’est que c’est d’abord un paysage qui permet le développement d’un parc de sculptures. C’est ainsi qu’on peut résumer la question qui nous a été posée par Dominique Marchès, par le SYMIVA, par les autorités ici à Vassivière quand ils ont souhaité développer un lieu destiné à l’art contemporain. La réponse que nous avons faite avec Aldo Rossi, c’était de considérer justement ce paradoxe : qu’il y ait un bâtiment mais que ce bâtiment ne soit pas la pièce maîtresse (d’une certaine manière) du projet, mais que ce soit quelque chose qui induise un parcours.
Et ce parcours nous l’avons pensé (je dirais) en 3 points. Le premier point, ancré dans la forêt, c’est une tour, effectivement qui ressemble à un phare parce que nous sommes sur une île et qu’il y a un rapport avec le barrage et le lac qui nous entoure. Mais c’est aussi parce que à côté de cet endroit-là il y a à l’origine une source. Et que l’on trouve là comme un point de départ et que l’on peut considérer que le deuxième thème qui est le grand bâtiment qui apparaît comme une galerie, presque une galerie d’art comme celle du Louvre, est aussi pensé à travers le projet comme un aqueduc, avec ses arches répétées, aqueduc qui serait devenu une ruine et dans lequel les artistes, des gens seraient venus loger, poser des œuvres et fabriquer des œuvres. Donc en fait ce bâtiment est à la fois une galerie, un parcours, un trajet à travers le paysage, quelque chose que l’on traverse et que l’on passe. Ce n’est pas quelque chose où l’on se rassemble, c’est quelque chose qui diffuse. On diffuse à partir de la tour pour voir les sculptures que l’on va découvrir, ou on traverse le bâtiment pour comprendre comment l’artiste a pensé et travaillé son œuvre dans le lieu. C’est ainsi que le bâtiment s’est formé avec ses deux thèmes : la tour, l’aqueduc habité.
Il y a un travail très complexe et très savant sur le rythme qui appartient, et c’est une chose qu’on ne révèle jamais, à la volonté d’Aldo Rossi de bien construire et de montrer très simplement et de manière très lisible les forces de construction. Et là c’est un travail qui a été effectué par Vincent Speller, mon associé, qui a dessiné tout le bâtiment dans son graphique des détails, et qui s’est tenu à ce qu’il y ait des effets de rythme entre les portiques qui sont à l’origine de la thématique de l’aqueduc, le rythme des pierres, le rythme des baies en arc qui marquent la régularité, mais aussi le rythme des matériaux, le rythme des gouttières et aussi le rythme du zinc. Et tout appartient à un module qui fait 2,25m.
Dans la commande, le programme était très simple, ils voulaient deux lieux ou trois lieux de présentation d’œuvres différentes avec des tailles variables : - pour pouvoir faire des grandes œuvres : la grande galerie, - pour faire de petites présentations de dessins : la petite salle du haut, - pour faire un lieu où on puisse faire des réunions, des présentations, des lectures : le petit théâtre Et donc ces distinctions s’enchaînaient dans la continuité de la longueur de la galerie. Et puis il y a plusieurs lieux exceptionnels qui sont l’espace d’entrée, le portique, le pronaos, qui sont la boutique, qui fait partie de cet élément-là, les petites salles de travail, l’appartement caché et le laboratoire, un lieu très important. C’est que, et c’est pour ça que j’explique que ce n’est pas un musée, c’est un lieu où on produit des œuvres et c’est très important, il y a un atelier qui est comme le ventre principal en brique rouge, intérieur, qui est juste là derrière et qui est au centre du bâtiment, autour duquel on tourne et on passe par les escaliers, dans lequel on ne rentre pas parce que c’est le lieu de l’artiste, mais qu’on peut voir."
Pour en savoir plus, consultez le site internet du Centre international d'art et du paysage
"Le bâtiment qui est ici n’est pas un musée. Ce qu’il faut considérer c’est que c’est d’abord un paysage qui permet le développement d’un parc de sculptures. C’est ainsi qu’on peut résumer la question qui nous a été posée par Dominique Marchès, par le SYMIVA, par les autorités ici à Vassivière quand ils ont souhaité développer un lieu destiné à l’art contemporain. La réponse que nous avons faite avec Aldo Rossi, c’était de considérer justement ce paradoxe : qu’il y ait un bâtiment mais que ce bâtiment ne soit pas la pièce maîtresse (d’une certaine manière) du projet, mais que ce soit quelque chose qui induise un parcours.
Et ce parcours nous l’avons pensé (je dirais) en 3 points. Le premier point, ancré dans la forêt, c’est une tour, effectivement qui ressemble à un phare parce que nous sommes sur une île et qu’il y a un rapport avec le barrage et le lac qui nous entoure. Mais c’est aussi parce que à côté de cet endroit-là il y a à l’origine une source. Et que l’on trouve là comme un point de départ et que l’on peut considérer que le deuxième thème qui est le grand bâtiment qui apparaît comme une galerie, presque une galerie d’art comme celle du Louvre, est aussi pensé à travers le projet comme un aqueduc, avec ses arches répétées, aqueduc qui serait devenu une ruine et dans lequel les artistes, des gens seraient venus loger, poser des œuvres et fabriquer des œuvres. Donc en fait ce bâtiment est à la fois une galerie, un parcours, un trajet à travers le paysage, quelque chose que l’on traverse et que l’on passe. Ce n’est pas quelque chose où l’on se rassemble, c’est quelque chose qui diffuse. On diffuse à partir de la tour pour voir les sculptures que l’on va découvrir, ou on traverse le bâtiment pour comprendre comment l’artiste a pensé et travaillé son œuvre dans le lieu. C’est ainsi que le bâtiment s’est formé avec ses deux thèmes : la tour, l’aqueduc habité.
Il y a un travail très complexe et très savant sur le rythme qui appartient, et c’est une chose qu’on ne révèle jamais, à la volonté d’Aldo Rossi de bien construire et de montrer très simplement et de manière très lisible les forces de construction. Et là c’est un travail qui a été effectué par Vincent Speller, mon associé, qui a dessiné tout le bâtiment dans son graphique des détails, et qui s’est tenu à ce qu’il y ait des effets de rythme entre les portiques qui sont à l’origine de la thématique de l’aqueduc, le rythme des pierres, le rythme des baies en arc qui marquent la régularité, mais aussi le rythme des matériaux, le rythme des gouttières et aussi le rythme du zinc. Et tout appartient à un module qui fait 2,25m.
Dans la commande, le programme était très simple, ils voulaient deux lieux ou trois lieux de présentation d’œuvres différentes avec des tailles variables : - pour pouvoir faire des grandes œuvres : la grande galerie, - pour faire de petites présentations de dessins : la petite salle du haut, - pour faire un lieu où on puisse faire des réunions, des présentations, des lectures : le petit théâtre Et donc ces distinctions s’enchaînaient dans la continuité de la longueur de la galerie. Et puis il y a plusieurs lieux exceptionnels qui sont l’espace d’entrée, le portique, le pronaos, qui sont la boutique, qui fait partie de cet élément-là, les petites salles de travail, l’appartement caché et le laboratoire, un lieu très important. C’est que, et c’est pour ça que j’explique que ce n’est pas un musée, c’est un lieu où on produit des œuvres et c’est très important, il y a un atelier qui est comme le ventre principal en brique rouge, intérieur, qui est juste là derrière et qui est au centre du bâtiment, autour duquel on tourne et on passe par les escaliers, dans lequel on ne rentre pas parce que c’est le lieu de l’artiste, mais qu’on peut voir."
Pour en savoir plus, consultez le site internet du Centre international d'art et du paysage
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