Le chef reliquaire de Saint-Yrieix : une histoire de trafic d'objets d'art
Dans cette interview, Zoé DARSY, animatrice du patrimoine de la ville de Saint-Yrieix, évoque le récit fascinant du chef reliquaire d’Arédius, volé, copié, puis remplacé, et dont l’original est conservé au Metropolitan Museum of Art de New-York. La copie conservée dans l'église de Saint-Yrieix est portée en procession lors des ostensions limousines (cérémonies traditionnelles qui ont lieux tous les 7 ans).
Vidéo
Publiée le 4 juin 2020
# Haute-Vienne, Saint-Yrieix-la-Perche
# Opération d'inventaire : Hors opération
# Buste reliquaire
# Du 13e au 20e siècle
Zoé Darsy :
"Nous sommes en présence du chef reliquaire d'Arédius ou Saint-Yrieix. Arédius, c'est la version latine de son nom. Il protège, la relique de Saint-Yrieix. En l'occurrence, c'est un morceau de son crâne qui se trouve à peu près dans cette partie-là du reliquaire et que les fidèles peuvent venir voir lors des grandes cérémonies des ostensions.
Il s'agit d'une représentation de Saint-Yrieix en abbé. On le voit très bien à sa tonsure, à sa couronne de cheveux. Et puis ce collier qui rappelle sa fonction, puisque c'est un collier qu'on appelle un orfroi, qu'on porte normalement sur la robe d'abbé. L'objet lui-même, c'est une âme en bois sculpté qui représente un visage assez assez fin assez détaillé. Et par-dessus on a appliqué un masque d'orfèvrerie en argent en or avec ce filigrane comme ça qui est fait de fil d'or et enchâssé des gemmes ou des pierres dures du cristal de roche. Cet objet là c'est une copie, ça n'est pas l'original médiéval.
Dans les années 1906, dans un contexte difficile qui est celui de la séparation de l’Église et de l’État, plusieurs petites paroisses du Limousin, sont approchées par tout un réseau de voleurs. On les a appelés des pilleurs d'églises, ce sont en général des intermédiaires avec des grands marchands. C'est ce qui se passe avec notre chef reliquaire médiéval. L'objet du 13e siècle est convoité par un marchand anglais qui s'appelle Duveen. Il a des intermédiaires sur le terrain français. Il va approcher certainement le curé, le responsable de la paroisse qui a accès à cet objet. On pense que l'authentique chef reliquaire va être emmené à Londres chez un orfèvre qui s'appelle Félix Joubert. Il va créer cette copie, presque parfaite du chef reliquaire authentique, et on va ramener ici, à Saint-Yrieix, la copie. On va remettre la relique à l'intérieur bien entendu.
Et l'objet médiéval va être vendu assez rapidement à un très grand collectionneur américain qui s'appelle John Pierpont Morgan. Ces objets-là vont constituer une immense collection qui, dix ans plus tard à sa mort en 1917, sera intégralement donnée au musée de New York le Metropolitan Museum of Art. Et donc le chef reliquaire de Saint-Yrieix, l'authentique, est conservé depuis les années 1917 dans le musée new yorkais.
Et dans les années 1960, lors d'un inventaire, l'inspecteur des monuments historiques constate et confirme qu'on a vraiment affaire à une œuvre moderne qui ressemble beaucoup à l'originale, qui peut être même a des motifs, des pierres, qui proviennent de l'authentique médiéval et qui ont été au moment de la substitution conservées, échangées.
En 2015, la commune de Saint-Yrieix a demandé officiellement au MET la restitution de cet objet."
"Nous sommes en présence du chef reliquaire d'Arédius ou Saint-Yrieix. Arédius, c'est la version latine de son nom. Il protège, la relique de Saint-Yrieix. En l'occurrence, c'est un morceau de son crâne qui se trouve à peu près dans cette partie-là du reliquaire et que les fidèles peuvent venir voir lors des grandes cérémonies des ostensions.
Il s'agit d'une représentation de Saint-Yrieix en abbé. On le voit très bien à sa tonsure, à sa couronne de cheveux. Et puis ce collier qui rappelle sa fonction, puisque c'est un collier qu'on appelle un orfroi, qu'on porte normalement sur la robe d'abbé. L'objet lui-même, c'est une âme en bois sculpté qui représente un visage assez assez fin assez détaillé. Et par-dessus on a appliqué un masque d'orfèvrerie en argent en or avec ce filigrane comme ça qui est fait de fil d'or et enchâssé des gemmes ou des pierres dures du cristal de roche. Cet objet là c'est une copie, ça n'est pas l'original médiéval.
Dans les années 1906, dans un contexte difficile qui est celui de la séparation de l’Église et de l’État, plusieurs petites paroisses du Limousin, sont approchées par tout un réseau de voleurs. On les a appelés des pilleurs d'églises, ce sont en général des intermédiaires avec des grands marchands. C'est ce qui se passe avec notre chef reliquaire médiéval. L'objet du 13e siècle est convoité par un marchand anglais qui s'appelle Duveen. Il a des intermédiaires sur le terrain français. Il va approcher certainement le curé, le responsable de la paroisse qui a accès à cet objet. On pense que l'authentique chef reliquaire va être emmené à Londres chez un orfèvre qui s'appelle Félix Joubert. Il va créer cette copie, presque parfaite du chef reliquaire authentique, et on va ramener ici, à Saint-Yrieix, la copie. On va remettre la relique à l'intérieur bien entendu.
Et l'objet médiéval va être vendu assez rapidement à un très grand collectionneur américain qui s'appelle John Pierpont Morgan. Ces objets-là vont constituer une immense collection qui, dix ans plus tard à sa mort en 1917, sera intégralement donnée au musée de New York le Metropolitan Museum of Art. Et donc le chef reliquaire de Saint-Yrieix, l'authentique, est conservé depuis les années 1917 dans le musée new yorkais.
Et dans les années 1960, lors d'un inventaire, l'inspecteur des monuments historiques constate et confirme qu'on a vraiment affaire à une œuvre moderne qui ressemble beaucoup à l'originale, qui peut être même a des motifs, des pierres, qui proviennent de l'authentique médiéval et qui ont été au moment de la substitution conservées, échangées.
En 2015, la commune de Saint-Yrieix a demandé officiellement au MET la restitution de cet objet."
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