Les Jours d’Angles, tradition dentelière
Angles sur l’Anglin dispose d’un savoir-faire artisanal tout à fait unique : les Jours d’Angles. Il s’agit d’une technique de point ajouré qui a permis le développement d’une activité importante dans cette petite bourgade au 19e siècle. Cette interview vous en révèle les secrets.
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Publiée le 10 juillet 2019
# Vienne, Angles sur l'Anglin
# Opération d'inventaire : Grand Châtellerault
# Patrimoine culturel immatériel, broderie
# Du 19e au 21e siècle
François Bigot : "Les jours, en fait, c’est ce que l’on appelle de la broderie à fils tirés. C’est-à-dire qu’à partir d’un tissu, on tire sur un ensemble de fils et après on reprend ces fils et on les refaçonne. On tire les fils dans un sens ou dans les deux sens. Là, c’est un peu plus complexe, c’est la spécialité des jours d’Angles de tirer les fils dans les deux sens. Le démarrage des jours, on le situe au milieu du 19e. C’est à ce moment-là, vers 1850 que l’on voit à Angles une activité importante de fabrication de devants de chemises avec des plis qui nécessitaient de tirer le fil. Ce sont à ce moment-là de très jeunes femmes, entre 10 et 25 ans. Et on a environ 200 ou 250 femmes à ce moment-là qui travaille en relation avec un atelier, l’atelier Berthommier, qui passe commande et qui envoie ses tissus sur Paris essentiellement. La seconde période, c’est la Belle Epoque : 1880-1900. On travaillait à faire des jours au mètre. Et là on a une activité avec des femmes qui ont entre 20 et 40 ans ; un peu tous les âges alors qu’avant c’était des jeunes qui travaillaient. La troisième période, c’est l’apogée des jours, entre deux guerres, où on travaille avec un dessinateur qui fait des dessins qui sont reproduits sur le tissu avec des motifs floraux, des motifs comme des papillons, des oiseaux, etc. Là, c’est richement travaillé. On peut avoir des nappes qui nécessitent un mois, deux mois, trois mois de travail et c’est des produits qui deviennent des produits de luxe à ce moment-là. Il y avait des ateliers ici à Angles qui étaient directement en relation avec les grands magasins de Paris et on voit ça aussi à la Belle Epoque. Ce qui reste des jours, il y a une maison des jours qui essaie de mettre en valeur l’ensemble des ouvrages qui ont été produit au fil des années. Il reste surtout beaucoup de femmes qui ont conservé la technique, le savoir-faire qui font des jours surtout pour elles-mêmes, pour le plaisir. On est toujours étonné de voir les ajoureuses avec un travail aussi précis, aussi minutieux qui vont passer des heures et des heures penchées sur leur ouvrage."
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