Le CREPS de Poitiers
Le CREPS, situé à Vouneuil-sous-Biard à proximité de Poitiers, bénéficie d’un environnement naturel et patrimonial exceptionnel. Les équipements dédiés, regroupés autour d’un élégant château, s’élèvent au cœur d’un vaste domaine boisé qui domine la vallée de la Boivre. Depuis sa création dans les années 1940, ce centre a contribué à développer l’enseignement du sport et à améliorer les performances dans différentes disciplines. Ses installations illustrent les goûts et les préoccupations architecturales, et bien évidemment sportives, depuis la fin du 19e siècle jusqu’à nos jours.
Carnet du patrimoine
Publié le 27 mars 2024
# Vienne, Vouneuil-sous-Biard
# Opération d'inventaire : hors opération
# Château ; gymnase ; piscine ; stade ; tennis
# Epoque contemporaine
Le choix du site
L’histoire de ce centre débute pendant la guerre, en 1942, lorsque le site d’un peu plus de 100 hectares est choisi par le secrétariat d’État à l’éducation nationale et à la jeunesse pour accueillir le Centre régional d’éducation générale et sportive (CREGS) de l’académie de Poitiers. L’année précédente, un tel centre a été créé dans chacune des académies de France afin de former des cadres pour l’éducation physique. Celui de Poitiers, d’abord établi dans la ville, n’est installé qu’en 1946 dans le domaine de Boivre à Vouneuil-sous-Biard, à quelques kilomètres de la capitale régionale. La plupart des sites choisis sont, comme ici et à Bordeaux, de grandes propriétés où préexistent des installations sportives et qui peuvent être adaptées à leur nouvelle destination par la construction d’importantes extensions. Dans le cas du château de Boivre, la préexistence d’une piscine, d’un gymnase et d’un terrain de tennis dans son parc concourt au choix du lieu.
C’est le domaine de Monadey à Talence qui a été choisi
pour y installer le CREPS de Bordeaux. Autour du château
du 17e siècle ont été implantées, comme à Boivre,
les nombreuses installations sportives. Depuis la fusion des régions,
les deux CREPS travaillent en complémentarité.
Un projet architectural monumental est conçu en 1943 par les architectes parisiens Jean Demaret (1897-1967), Guy Ardilouze (1908-1944) et Otello Zavaroni (1910-1991), qui prévoient de raser le château et de construire d’immenses bâtiments pour former une composition en U. Ce projet, proposé sous le contrôle du commissariat aux sports du régime de Vichy, n’est pas réalisé et le centre, désormais appelé CREPS (Centre régional d’éducation physique et sportive), fonctionne les premières années dans les locaux préexistants. Ces derniers suffisent pour abriter les services administratifs et héberger les stagiaires ainsi que les personnels, mais des installations sportives font défaut.
Les premiers aménagements
C’est un projet de l’architecte André Ursault (1894-1971), alors conseiller technique des constructions scolaires, universitaires et de l'équipement sportif de l’académie de Poitiers, qui est adopté en 1948. Les premiers travaux commencent avec la construction d’un gymnase terminé en 1951, d’un stade avec une piste de 400 mètres cendrée, situé à 500 mètres du château, et de divers terrains de sport de plein air. Sur les plans de cet architecte [1], chargé des installations du centre durant une quinzaine d’années, vont être édifiés une conciergerie - actuel accueil -, des sanitaires, une salle de gymnastique, une aire couverte, des ateliers, un bâtiment réservé à la culture populaire, un bassin de natation et son vestiaire, une résidence nommée Angoumois et un restaurant pour les sportifs en formation et les personnels. Tous ces bâtiments ont en commun une mise en œuvre de leurs murs pignons en moellons de calcaire laissés apparents. Une autre caractéristique pour certains d’entre eux est d’être couverts par un toit à un seul pan. Le premier gymnase, très emblématique des années 1950, possède une structure entièrement en béton avec une voûte en arc segmentaire et un lanterneau pour assurer un éclairage zénithal. En revanche, la salle de gymnastique et l’aire couverte sont dotées de charpentes métalliques.
Le fonctionnement des premières années
Le centre comprend une section permanente de préparation au professorat de l’éducation physique, une section d’information pour les instituteurs de l’académie, et organise des stages sportifs. Ces derniers regroupent de 70 à 80 stagiaires l’hiver, et davantage l’été, tous au régime de l’internat. Par ailleurs, jusqu’aux années 1970, au centre de Boivre est rattaché celui de Romagne, à une quarantaine de kilomètres au sud de Poitiers, dédié à la culture populaire et offrant des stages d'art dramatique, d’arts plastiques, de musique ou de cinéma.
Dès la première année, parallèlement aux stages d’instituteurs, est organisé un stage en direction de la jeunesse ouvrière. Puis, tous les quatre ans, le centre de Boivre met ses équipements au service de la préparation aux jeux olympiques. Ainsi, dès 1952, l’équipe finlandaise d’athlétisme vient s’entraîner en vue des jeux d’Helsinki et, en août 1956, le centre reçoit des athlètes français avant les jeux de Melbourne.
Durant les premières années, les coupes de bois du domaine assurent le chauffage du centre, et la culture de légumes procure une grande partie de la nourriture des stagiaires. Un certain nombre de ces derniers logent dans des dortoirs aménagés dans le château. L’été, des tentes sont installées du côté sud du château pour parvenir à héberger un total de 300 stagiaires environ.
Des années 1970 à 2000
Deux résidences (Aunis et Saintonge, d’un total de 116 chambres individuelles), un ensemble socio-éducatif comprenant 25 salles réparties sur trois niveaux et un centre médical sont édifiés en 1972-1973 dans le cadre de la première tranche du programme de travaux approuvé en 1966. Par ailleurs, l’aire couverte est fermée sur ses quatre faces et transformées en salle de basket. Ces bâtiments sont construits sur les plans de l’architecte Jean Monge [2] (1916-1991), qui est alors l’architecte conseil du centre. Il a tiré parti des ondulations du terrain pour créer un étage de soubassement aux bâtiments des résidences et au centre socio-éducatif. Les façades des résidences sont constituées de l’adjonction, sur trois niveaux, de modules industriels, composés de fenêtres sur allèges métalliques, séparés par les cloisons de béton qui font saillie et qui délimitent, à l’intérieur, les 116 chambres individuelles. De larges bandeaux de béton recouverts de petits carreaux de faïence de couleur marron séparent les niveaux. Quant au centre socio-éducatif, bâti sur un plan complexe, certains de ses côtés sont constitués de panneaux de béton ornés de motifs géométriques moulés en relief, les autres sont en béton lisse et les travées d’ouvertures sont fermées par des panneaux métalliques de couleur orange dans lesquels sont enchâssées des vitres. À l’intérieur, les salles (de réunion, danse, spectacle, bibliothèque, amphithéâtre, auditorium, laboratoires photos…) ont la particularité d’être à six pans dans une recherche d’utilisation rationnelle et d’obtention d’une meilleure acoustique.
En 1986, les CREPS passent de la tutelle de l'éducation nationale à celle du ministère des sports et prennent le nom de « centres d’éducation populaire et de sport ». À Boivre, les travaux se poursuivent avec la construction de la halle de tennis en 1990, d'un dojo en 1991, la rénovation de la résidence Angoumois en 1993, l'extension de la halle des sports avec l'édification d'un centre de recherche et celle de la halle de tennis en 2002.
Le CREPS de nos jours
En 2011, les CREPS deviennent des « Centres de ressources, d’expertise et de performance sportive ». Puis, en 2016, par la loi NOTRe, ils sont placés sous la double tutelle de l'État et de leur région. Leurs missions redéfinies comprennent la formation des animateurs et des entraîneurs dans les domaines du sport, de la jeunesse et de l'éducation populaire, l’accueil des sportifs de haut niveau pour le développement de leur double projet de réussite sportive et éducative ou professionnelle, l’accompagnement des sportifs régionaux, ainsi que la promotion du sport santé et du sport pour tous.
Les aménagements et réaménagements du site de Boivre se poursuivent et concernent notamment les installations sportives de plein air et la rénovation de diverses salles. L’ensemble socio-éducatif devient centre de formation, certaines salles et terrains sont renommés en hommage à des champions, comme le dojo « Marie-Claire Restoux » et le stade de rugby « Abdelatif Benazzi », ou à des personnalités du monde sportif, comme la salle de basket « Pierre Vincent ». Parallèlement, les résidences changent d’appellation pour ouvrir le centre à l’international : Rio pour Angoumois, Londres et Tokyo pour Aunis et Saintonge, Sydney pour le foyer.
Un préau sportif est créé en 2020 et, l’année suivante, une nouvelle résidence dénommée « Paris » ainsi qu’un complexe abritant un nouveau centre médical et une Maison des entraîneurs sont inaugurés. Plus récemment, l’ancienne salle de gymnastique, actuel gymnase « Patrick Birocheau », a été agrandie et rénovée. Les exigences environnementales sont prises en compte dans les nouvelles constructions.
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Château de Boivre, actuellement Centre Régional d'Education Physique et Sportive
DossierDossier d'oeuvre architecture
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Château de Boivre, actuellement Centre Régional d'Education Physique et Sportive
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Titre : Château de Boivre, actuellement Centre Régional d'Education Physique et Sportive
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Auteur de l'oeuvre : Bérujeau Alphonse Ursault André Ursault Madeleine Miquel Louis-Charles-Victor Wogenscky André Monge Jean Cabinet d'architectes Corset-Roche et associés L'Atelier du Moulin Espace 3 architecture
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Localisation : Vienne , Vouneuil-sous-Biard , $result.adressePrincipale
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Date d'enquête : 2005
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Auteur du dossier : Renaud Geneviève , Moisdon Pascale
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Copyright : (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel
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2 - Jean Monge, formé par André Ursault et Louis Arretche, est l’auteur de nombreuses constructions, notamment à Poitiers : la faculté et la bibliothèque universitaire de droit et lettres en 1971 (l’Equerre d’argent lui a été décernée pour cette dernière), le musée Sainte-Croix en 1974, l’Espace Mendès-France en 1985.